Par Le National
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La confession des pédophiles devant le tribunal de Nice

NICE (Reuters) - Au deuxième jour du procès des membres d'un réseau de cassettes pédophile devant le tribunal correctionnel de Nice, les prévenus entendus mardi ont dit le dégoût et la honte qu'ils avaient d'eux-mêmes.

Avec des mots hésitants, la bouche sèche et se tordant les doigts, tous sans exception, receleurs, vendeurs, diffuseurs de cassettes pédophiles, ont tenu à faire leur acte de contrition.

"Aujourd'hui, je veux exprimer mes regrets pour ce que j'ai fait. Avant d'être arrêté, je n'avais pas compris que je participais directement à l'exploitation et à la souffrance de ces enfants filmés, ces victimes anonymes", a dit l'un d'eux.

"Je demande pardon à cette cour et aux parties civiles", a dit un autre. "Depuis que cette affaire a été mise au jour, je suis pris en charge sur le plan psychiatrique, je pense que je vais de mieux en mieux. Avant, je n'avais aucune notion d'interdit".

Comme la veille, plusieurs prévenus ont dit lors de cette deuxième journée d'audience que l'affaire Dutoux en Belgique leur avait ouvert les yeux et qu'ils avaient alors cessé tout commerce de cassettes pédophiles.

Dans ce voyage au fin fond de la misère sexuelle, certains ont pleuré à la barre, d'autres ont avoué avoir été victimes eux-mêmes de sévices sexuels pendant leur enfance, tous ont mis en avant leur détresse et leur solitude.

"La prison finalement, ça a été pour moi une délivrance", a dit un prévenu d'une soixantaine d'années chez qui les gendarmes ont retouvé 72 cassettes pédophiles.

"QUETE DU SORDIDE"

"Mon arrestation a été en quelque sorte le plus beau jour de ma vie. Cette perversion, ça ne pouvait pas durer, je finissais par avoir trop honte de moi".

"Je ne sais pas ce que je recherchais à l'époque", a dit un enseignant. "Peut-être la transgression de l'interdit, la quête du sordide et du lamentable. Je traîne cette honte et cette culpabilité depuis cinq ans. Il n'y a pas un jour de ma vie aujourd'hui sans que je ne pense à cette pitoyable période".

Au milieu de ce flot de repentance, un moment extrêmement difficile a eu lieu en début d'après-midi lorsque le président Tournaire a fait projeter dans les deux prétoires où se déroule le procès des extraits de cinq cassettes pédophiles.

Spectacle insoutenable pour beaucoup, d'une violence indicible et qu'un nombreux public n'a pas pu suivre jusqu'à son terme, une dizaine de minutes au total.

Ces cassettes ont montré des rapports sexuels entre des enfants cagoulés, attachés, battus, et des adultes. L'une d'elles mettait même en scène un bébé de six à huit mois.

Après cette projection, deux experts psychiatres ont expliqué les désastres que de tels tournages provoquaient chez les enfants ainsi traités. "Ils souffrent après toute leur vie", a dit l'un d'eux, "lors de l'agression, puis par la suite de leur image dégradée, une souffrance qui se prolonge à l'âge adulte".

Le privilège de réplique