Par Le National
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Percée de l'extrême-droite française: des précédents en Europe

PARIS (AFP) - La percée électorale réalisée dimanche par l'extrême droite française qui, pour la première fois, sera présente au second tour d'une élection présidentielle fait suite à d'autres succès de l'extrême droite en Europe, notamment en Autriche il y a deux ans et aux Pays Bas en mars dernier.

Le dirigeant du Front national français, Jean-Marie Le Pen a créé une immense surprise en obtenant, selon les sondages, quelque 17% des suffrages et en éliminant du deuxième tour du scrutin présidentiel le Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Il affrontera le président sortant Jacques Chirac dans un deuxième tour de scrutin le 5 mai prochain. Lors de sa dernière participation à une élection présidentielle, en 1995, Jean-Marie Le Pen avait obtenu environ 15% des voix. Cette année, avec les voix de Bruno Megret, autre candidat d'extrême droite, l'extrême droite française atteint, selon les sondages, plus de 19% des suffrages.

Le dernier succès électoral enregistré par l'extrême droite en Europe s'était situé aux Pays Bas. Le 6 mars dernier, un dandy revendiquant son homosexualité et distillant des slogans anti-immigration, Pim Fortuyn, avait raflé plus de 34% des voix à Rotterdam, la deuxième ville du pays, s'érigeant d'un coup en premier parti de la cité portuaire. Des élections législatives sont prévues aux Pays Bas le 15 mai prochain et de récents sondages prévoient que la Liste Pim Fortuyn pourrait obtenir vingt sièges sur 150 au sein de la chambre basse du parlement néerlandais.

Deux ans auparavant, l'extrême droite autrichienne, le FPOe conduit par Joerg Haider, avait surpris l'Europe en devenant le deuxième parti du pays avec 27% des voix. Elle partage le pouvoir depuis février 2000 avec les conservateurs du oEVP. Cette participation de l'extrême droite au gouvernement avait valu à l'Autriche de se voir imposer - pendant sept mois - des sanctions politiques sans précédent par l'Union européenne.

Aujourd'hui, Joerg Haider a abandonné la direction de son parti et l'extrême droite est en baisse dans les sondages, créditée de 20% des intentions de vote. Lors d'élections municipales à Vienne le 25 mars 2001, le FPOe a subi un revers en tombant de 27,9 à 20,25 % des voix, perdant plus d'un quart de ses électeurs.

En Belgique, le parti flamand d'extrême-droite Vlaams Blok (Bloc flamand), était devenu le troisième parti du pays aux élections générales de juin 1999, en remportant 9,9 % des voix. Le Vlaams Blok avait déjà réalisé de spectaculaires progrès dans plusieurs villes de Flandres, région néerlandophone du nord de la Belgique, lors d'un scrutin municipal en octobre 2000. A l'issue de ces élections, il avait notamment renforcé son ancrage à Anvers, la deuxième ville du pays, obtenant 33% des votes.

L'extrême droite est aussi présente au sein du gouvernement italien formé en juin 2001 par Silvio Berlusconi. La Ligue du nord d'Umberto Bossi détient trois ministères et compte trente députés et dix sept sénateurs depuis les élections de mai 2001, dans lesquelles le parti avait obtenu 3,9% de suffrages. Umberto Bossi a abandonné l'année dernière ses revendications indépendantistes mais il développe toujours des thèses proches de l'Autrichien Joerg Haider ou du Français Jean-Marie Le Pen sur l'immigration.

Au Danemark, les élections législatives du 21 novembre dernier ont ramené une majorité de droite au Parlement pour la première fois depuis 72 ans. Le Parti d'extrême droite du Peuple Danois (PPD) est devenu le troisième parti du pays avec 12% des suffrages. Le gouvernement danois ne comprend pas cependant pas de représentants du PDD.

Enfin, l'extrême droite hongroise, le Parti de la Justice et de la Vie (MIEP) de l'écrivain Istvan Csurka, a été éliminée du parlement le 7 avril dernier au premier tour des élections législatives. Elle y était entrée en 1998, pour la première fois depuis la IIe guerre mondiale.

Le MIEP a recueilli un nombre de voix proche de celui qu'il avait obtenu en 1998 (257.000 contre 277.000) mais une participation record l'a fait chuter sous la barre de 5% des voix nécessaire pour entrer au parlement.

Le privilége de réplique