Par Le National
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Egypte: nouveau report du procès pour homosexualité de 50 jeunes

LE CAIRE (AFP) - Le nouveau procés de 5O Egyptiens accusés d'homosexualité s'est ouvert samedi devant une Cour correctionnelle du Caire et a été reporté au 7 septembre à la demande de la défense.

Le président du tribunal d'Abdine, le juge Hassan al-Sayess, a décidé le report pour "permettre à la défense de compléter son dossier". Au début de l'audience, le juge a lu la liste des noms des 50 accusés, qui n'étaient pas présents dans la salle. Vingt-un des accusés purgent des peines allant d'une à deux années de prison ferme, alors que 29 avaient été acquittés en novembre 2001 au terme du premier procés jugé par la Haute cour de sûreté de l'Etat, un tribunal d'exception. Des membres des familles d'une quinzaine des accusés emprisonnés sont arrivés au tribunal vers la fin de l'audience. Ils se sont abstenus de tout commentaire et ont refusé de donner leur avis aux journalistes concernant le nouveau jugement de leurs proches.

Sur les cinquante accusés, une vingtaine seulement étaient représentés par des avocats tandis que les autres n'avaient pas désigné les personnes qui doivent assurer leur défense. Le président du tribunal s'est mis en colére lorsque l'un des avocats, Alaa Negm, a mis en doute "le bien-fondé de rejuger les 29 personnes déjà acquittées". "Ils ont été acquittés, pourquoi doivent-ils Ítre jugés une nouvelle fois", s'est interrogé Me Negm. Le juge al-Sayess a alors décidé d'interrompre l'audience pour quinze minutes. La séance a finalement repris 45 minutes plus tard, pour Ítre à nouveau reportée à septembre. Au total, 52 hommes avaient comparu devant la Haute cour. Deux d'entre eux avaient été condamnés à trois et cinq ans de prison pour "mépris de la religion".

En mai, le président égyptien Hosni Moubarak, seul habilité à confirmer ou annuler les jugements de la Haute cour en vertu des prérogatives que lui confére l'état d'urgence en vigueur depuis 1981, avait confirmé les peines des deux hommes, mais cassé le jugement sur les 50 autres cas et renvoyé l'affaire à la justice ordinaire. Selon l'avocat de la défense Farid al-Dib, M. Moubarak a décidé de "renvoyer le dossier des 50 jeunes au Parquet pour qu'il décide des procédures nécessaires, se fondant sur le fait que les accusations portées contre eux ne font pas partie des charges sur lesquelles peut se prononcer la Haute Cour de sûreté de l'Etat".

Dés son ouverture, le 18 juillet 2001, le procés de ces jeunes Egyptiens avait provoqué l'indignation d'associations homosexuelles ou de défense des droits de l'Homme internationales. L'homosexualité ne figure pas parmi les crimes sexuels évoqués explicitement par la loi égyptienne fondée sur la charia (loi islamique). Mais plusieurs législations sanctionnant les atteintes aux bonnes moeurs peuvent s'y appliquer, à condition que de tels actes soient prouvés.

Le privilége de réplique