Par Le National
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Un changement spontané dans un gène serait lié au cancer de la peau

LONDRES (AP) - Des chercheurs viennent de déterminer qu'un changement spontané dans un gène est impliqué dans 70% des cas de mélanome, forme la plus grave du cancer de la peau qui fait près de 40.000 morts par an dans le monde. Une découverte qui pourrait améliorer le traitement de cette maladie.

Cette découverte, publiée sur Internet par la revue "Nature", est le fruit du Projet sur le génome du cancer, issu du Projet Génome Humain (HGP) qui regroupe des organismes publics de plusieurs pays. Le Projet sur le cancer est mené par des chercheurs de l'Institut Wellcome Trust Sanger, à Cambridge en Angleterre. Leur objectif est d'identifier le gène responsable du cancer parmi les 30.000 existants.

Les gènes sont fabriqués à partir d'un code de l'ADN, constitué de lettres. Un changement spontané est en cours lorsque l'ordre des lettres se modifie. Il peut intervenir de deux façons: soit l'ADN est endommagé par une radiation, des médicaments ou un virus, soit des anomalies surviennent lors de la division des cellules. Des anomalies parfois inoffensives, mais qui peuvent aussi conduire à l'évolution d'un cancer.

Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques examinent d'abord les gènes de 48 tumeurs comprenant six des cancers les plus répandus. Ils prennent alors chacun des 30.000 gènes du génome humain dans chaque échantillon et y recherchent d'éventuelles anomalies.

Ensuite, ils étudient les gènes suspects dans 1.000 échantillons supplémentaires de tissu cancéreux pour y examiner l'importance du rÙle de la mutation génétique. La première anomalie qu'ils ont trouvée se trouve dans le gène "B-RAF", qui fait partie d'une série de gènes qui doivent toutes se trouver en position "marche" pour permettre à la cellule de grandir et de se diviser.

En temps normal, ce gène se place automatiquement en position "marche" ou "arrÍt", mais les chercheurs ont découvert que la mutation pouvait obliger le gène à rester enclenché en permanence. Les cellules qui comportent cette mutation continueront à se développer et évolueront en cancer.

Les chercheurs ont découvert que les lettres du gène "B-RAF" n'étaient pas dans le bon ordre dans 70% des cas de mélanome. Ils ont également découvert qu'environ 10% des cancers du colon contenaient des mutations dans ce fameux gène. Un scénario moins fréquent dans d'autres types de cancer.

Selon Mike Stratton, responsable du projet sur le génome du cancer, cette découverte pourrait permettre le développement d'un nouveau traitement contre le mélanome, un traitement qui aurait pour objectif de mettre le gène en position "arrÍt" dans les seules cellules qui comporteraient cette mutation.

"Nous sommes très excités, mais nous devons y opposer quelques avertissements. Les cancers sont des bÍtes sournoises et des bÍtes imprévisibles. Elles ne répondent pas toujours de la façon dont nous aimerions qu'elles le fassent", a ajouté M. Stratton. "Nous devons Ítre optimistes mais reconnaÓtre que le chemin prendra plusieurs années". AP

Le privilége de réplique