Par Le National
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Triomphe des "Monologues du vagin" à Bruxelles!

BRUXELLES, 26 mai (AFP) - Les "Monologues du vagin", spectacle écrit par l'Américaine Eve Ensler, triomphe à Bruxelles depuis fin avril dans sa création mondiale en français, interprétée avec justesse par Fanny Cottençon.

"Je dis vagin, parce que je crois que ce qu'on ne dit pas devient un secret, et dans les secrets s'enracinent la honte, la peur et les mythes. Je le dis parce que je veux un jour arriver à le dire sans gêne, sans honte et sans culpabilité", lance d'emblée la comédienne française.

Au terme du spectacle, seule sur la scène du Théâtre de Poche et déculpabilisée comme une bonne partie de l'auditoire, elle l'aura dit 123 fois.

123 fois en interprétant les "monologues" d'une quinzaine de femmes très différentes, de la vieille dame de 72 ans qui a "fermé la cave" depuis cinquante ans de peur d'une nouvelle "inondation", à la jeune "bien dans sa peau" qui attend l'invention d'un "slip hyperdoux avec titilleur intégré".

Aidée par la bonne adaptation française du texte de Dominique Deschamps et la sobre mise en scène de Tilly, Fanny Cottençon joue juste, provocant tour à tour la compassion ou les éclats de rire.


Fanny Cottençon

Pièce féministe mais pas vindicative, intime mais jamais vulgaire, "les Monologues du vagin" a été créée en 1996 à New York, puis l'an dernier à Londres au bénéfice d'une association baptisée V-Day (pour vagin et victoire) dont l'objectif est de mettre un terme aux violences à l'égard des femmes.

Eve Ensler, 50 ans, a en effet décidé de l'écrire après la guerre de Bosnie (1992-1995), pendant laquelle 20.000 à 70.000 femmes ont été violées.

Pour cela, elle a fait parler environ 200 femmes sur leur vagin. Des jeunes et de plus âgées, des mariées et d'autres célibataires, des lesbiennes et des dactylos, des cadres et des professionnelles du sexe, des femmes noires et des blanches, des Américaines, des Bosniaques, des chrétiennes ou des juives...

"Au début, ces femmes étaient un peu timides, elles avaient du mal à parler. Mais une fois lancées, on ne pouvait plus les arrêter... Personne ne leur avait demandé cela avant", explique Eve Ensler.

A la sortie du spectacle à Bruxelles, un phénomène similaire se produit.

Alors qu'une certaine gêne est perceptible au début --"en réservant par téléphone, beaucoup de gens n'osent pas prononcer sur le répondeur le titre du spectacle", assure le directeur du théâtre Roland Mahauden--, la pièce joue un rôle de thérapie de groupe.

"Il y a beaucoup de discussions après le spectacle, c'est merveilleux. Les femmes ont envie de parler, de dévoiler leurs angoisses, leurs bonheurs. Certaines ont écrit pour nous remercier", explique Anouchka Vilain, du Théâtre de Poche.

Par le bouche à oreille, la salle n'a pas désempli. La pièce se joue à guichet fermé depuis le 21 avril et a été prolongée d'une semaine, jusque samedi soir.

Coproduite avec les spectacles Remy Renoux de Paris, "les Monologues du vagin" devrait être à l'affiche en France prochainement, mais les dates ne sont pas encore arrêtées.

Parodiant le slogan soixante-huitard "Un homme sur deux est une femme", le directeur du Théâtre de Poche a donné comme slogan à la pièce "Parce qu'un homme sur deux a un vagin".

Entendant cela, une de ses connaissances s'est écrié "Un vagin? Seulement? Moi j'en ai deux, ma femme et ma maîtresse". "Il y a encore du travail à faire", constate Roland Mahauden...