Par Le National
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L'espoir dans le nouveau vaccin contre le SIDA se confirme

SEATTLE (AP) -- L'espoir suscité par un nouveau vaccin contre le virus du SIDA se confirme, à en croire les premiers résultats obtenus sur l'homme par le laboratoire pharmaceutique Merck. Mais il faudra encore plusieurs années pour savoir si cette solution peut protéger d'une pandémie qui a fait 25 millions de morts dans le monde en 20 ans, tandis que 40 millions de personnes sont aujourd'hui infectées.

''A ce stade, le vaccin paraît déclencher la même réponse du système immunitaire chez l'homme que chez les singes nouvellement immunisés, bien que les volontaires n'aient pas été confrontés à l'exposition cruciale au virus VIH'', a expliqué Emilio Emini, directeur du programme de recherche chez Merck, intervenant mardi lors de la 9e Conférence annuelle de Seattle sur le rétrovirus.

''Nous sommes encouragés. Evidemment, la grande question reste celle de l'efficacité dans la prévention ou le contrôle de l'infection. Il faudra attendre les études sur le long terme''. Dans le meilleur des cas, a-t-il ajouté, la mise à disposition à grande échelle devrait prendre au moins cinq ans.

Plutôt que d'un vaccin préventif, il s'agira probablement d'un stimulant des défenses immunitaires qui maintiendra le virus à un niveau indétectable dans le sang pendant plusieurs années, voire toute la vie du patient.

La présentation de Merck à Seattle a reçu un bon accueil. ''Je dis: 'Fonçons avec ce programme. Ce sont des résultats très encourageants'', s'est enthousiasmé le Dr David Ho, directeur scientifique au Aaron Diamond AIDS Research Center à New York. ''C'est ce que bon nombre d'entre nous attendaient'', a souligné pour sa part le Dr Robert Schooley, chef du département des maladies infectieuses à l'Université de Colorado, rappelant toutefois qu'il y avait ''encore du chemin avant d'avoir un vaccin qui protège les gens''.

La stratégie choisie par Merck comme d'autres laboratoires est celle d'une première injection de candidat-vaccin suivie de plusieurs rappels quelques semaines plus tard. C'est le ''prime-boost'': on injecte un ou plusieurs gènes du virus VIH, puis un virus atténué rendu inoffensif et portant d'autres copies de gènes du VIH (virus recombinant) pour stimuler la réponse immunitaire. Le but est donc déclencher une contre-attaque rapide des ''cellules tueuses'' du sang au moment d'une nouvelle infection par le VIH.

Les essais montrent que les singes sont infectés mais ne meurent plus du SIDA lorsqu'ils sont exposés au virus.

Pour les humains, Merck veut tester la première phase sur quelque 600 volontaires -environ 150 se sont présentés pour le moment. Une centaine de personnes ont reçu une injection du gène ''gag'' du virus HIV. Comme prévu, la réponse a été modeste: environ un tiers des cobayes ont eu une réaction immunitaire, mesurée par la production par les cellules sanguines d'une hormone, l'interféron. ''Le seul fait d'avoir une réponse suggère qu'il se passe pas mal de choses sous le radar'', estime Emilio Emini.

Dans la phase de stimulation, l'équipe essaie des doses croissantes d'un virus de la grippe combiné à une autre copie du gag. Le risque étant, dans la mesure où quasiment tout le monde a été exposé au microbe (adénovirus ou virus à ADN), que le système immunitaire ne détruise immédiatement le vaccin. Mais les données recueillies suggèrent qu'au moins une partie du vaccin survit et produit une réaction immunitaire qui pourrait préparer le corps à lutter contre le SIDA. Le vaccin sera au final testé sur des groupes à haut risque.

De nombreux experts jugent, bien que cela reste à prouver, cette approche plus prometteuse que les deux autres actuellement développées. Le vaccin AIDSVax de VaxGen, dont les résultats sur 7.900 volontaires en Amérique du Nord, en Europe et en Thaïlande sont attendus dans le courant de l'année, est plus traditionnel, fabriqué avec l'enveloppe extérieure du virus du SIDA.

Quant à l'étude de la combinaison des vaccins Alvac d'Aventis-Pasteur et d'AIDSVax, le projet a été abandonné lundi aux Etats-Unis par l'Institut national de la santé (NIH), mais il est maintenu pour la Thaïlande.

Le privilége de réplique