Par Le National
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Une station de ski savoyarde affiche une "gay altitude"

LA TOUSSUIRE (France), 31 mars (AFP) - Pendant une semaine, la station familiale de la Toussuire (en Savoie, est), à 1.750 mètres, s'est mise aux couleurs de l'arc-en-ciel, signe de reconnaissance de la communauté homosexuelle, pour le premier "meeting international ski gay".

L'organisatrice, Florence Legat, 37 ans, a réussi à convaincre les "locaux" de l'intérêt de la manifestation, qui, jusqu'à vendredi, a attiré jusqu'à 200 personnes et mêlé compétitions sportives sur les pistes et soirées dans les bars et discothèques.

"Le fait que je sois du pays a sans doute facilité les choses", explique-t-elle. En 1999, elle a repris l'hôtel familial ouvert en 1936 par sa famille d'adoption, dont l'un des membres est Jean-Noël Augert, champion du monde de ski en slalom à Val Gardena en 1969. L'ancienne gloire du ski est d'ailleurs l'un des parrains du meeting gay avec Marielle Goitschel, autre étoile du passé.

Florence Legat, désormais à la tête d'un "hôtel gay et lesbien d'altitude", encore une première selon elle, se défend d'avoir voulu monter une "ski pride", à l'image des défilés organisés chaque année à l'occasion de la "gay pride", jour de la "fierté homosexuelle".

"J'ai réellement voulu sortir des gens d'un quartier, d'une ville, les faire rencontrer des gens du coin", affirme-t-elle, rétive à toute idée de "ghetto". Et d'insister sur le but principal de son initiative, le versement des droits d'inscriptions et de dons aux associations Sol en Si, pour les enfants victimes du Sida, et Etoile des neiges, pour la lutte contre la mucoviscidose.

La mairie et les responsables de la station ont joué le jeu. L'office de tourisme de cette station de 8.000 lits a accordé 200.000 francs (30.490 euros) qui ont notamment servi à payer les services d'une agence de communication. La société privée de remontées mécaniques n'a pas été en reste, qui a placé le logo de la manifestation sur ses forfaits.

Le président de l'office de tourisme, premier adjoint au maire et hôtelier, Patrick Gilbert-Collet, se réjouit des retombées médiatiques: "Pour nous, le retour sur investissement, si on peut dire comme cela, est satisfaisant". De plus, cette nouvelle clientèle est la bienvenue en pleine semaine creuse, juste avant les vacances de Pâques.

Autre motif de satisfaction, le meeting n'a pas suscité de vagues. Au sein de la clientèle traditionnelle, les réticences ont été rares. "Un client a écrit pour se plaindre, affirmant ne plus vouloir revenir car ce n'était pas un spectacle pour ses petits-enfants", raconte le président de l'office de tourisme.

Le maire de la commune, René Sibué, parle d'"opération commerciale". "Je comprends que les gens qui travaillent sur la station y trouvent leur compte. Il ne faudrait pas non plus en faire trop de publicité", dit-il.

Dans sa chapelle, le curé du village, 77 ans, dont 30 passés au village, dénonce un "gros four". Le père Pierre Michelland préfère citer en exemple le "championnat de France des familles", organisé cet hiver dans la station voisine du Corbier. "Là-bas pour faire la course, il y avait minimum un papa, une maman, un enfant", lance l'homme d'Eglise.

Florence Legat, elle, songe à la suite. "Je veux que ce meeting aille d'une vallée à l'autre. Si on reste ici, cela va faire Woodstock à La Toussuire, ce n'est pas la philosophie", conclut-elle.