Par Le National
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Tourisme sexuel: 76% des Français pensent qu'il s'agit d'une pratique courante

PARIS (AP) -- A une semaine du 2e Congrès mondial contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, l'UNICEF a présenté mardi à Paris les résultats d'un sondage qui montre que les Français ne se font pas d'illusions sur l'ampleur du tourisme du sexe. Près de trois millions d'enfants dans le monde sont concernés par ce phénomène et la dernière étude de l'agence onusienne est alarmante: une prostituée sur trois en Asie du Sud-Est est mineure.

Ainsi dans la région du Mékong -qui couvre la Thaïlande, le Cambodge, le Vietnam, la Birmanie, le Laos et les provinces chinoises du Yunan et du Guangxi (sud)- 30 à 35% des travailleurs du sexe sont âgés de 12 à 17 ans. Et de plus en plus de petits garçons et de fillettes rejoignent les réseaux du commerce du sexe, un engrenage favorisé par la pauvreté, l'illétrisme, la drogue.

Ambassadrice de l'UNICEF-France depuis 1996, l'actrice Emmanuelle Béart, présente à la conférence de presse de mardi, revenait d'une mission en Thaïlande où, selon l'Organisation internationale du Travail, le tourisme sexuel représente 14 à 16% du PIB du pays.

Cinq ans après le congrès de Stockholm où 122 gouvernements s'étaient engagés à lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants, le débat va reprendre à Yokohama au Japon du 17 au 20 décembre, pour trouver des moyens de protéger les victimes et réduire la demande du tourisme sexuel.

Si l'UNICEF note des progrès importants depuis 1996, elle souligne que beaucoup reste à faire pour lutter contre ce phénomène qui touche près de trois millions d'enfants dans le monde. Notamment, certains objectifs définis lors du premier congrès, comme l'élaboration d'un plan national d'action par tous les pays, n'ont pas été atteints et ils sont encore très peu nombreux à avoir établi un centre national de liaison et un mécanisme de collecte de données.

Si l'on en croit les résultats du sondage présenté mardi, la prise de conscience est générale en France: pour 76% des personnes interrogées, le tourisme sexuel est une pratique courante, dont 62% pensent qu'elle a tendance à augmenter. Et 75% estiment que les touristes sexuels cherchent d'abord à avoir des relations avec des adolescents ou des enfants.

Pour 99% des personnes interrogées, la pratique est inacceptable lorsqu'il s'agit d'enfants (contre 66% lorsqu'il s'agit d'adultes) et 71% estiment que les autorités françaises ne luttent pas assez contre le tourisme sexuel, voire pas du tout (17.

Et pour 93% d'entre eux, un Français ayant pratiqué du tourisme sexuel sur des mineurs doit être jugé par la justice française à son retour. Mais dans le même temps, s'ils apprenaient qu'il s'agit de l'un de leurs proches, seuls 23% des Français le dénonceraient. La majorité, 43%, exigerait qu'il aille se faire soigner par un spécialiste, sous peine de le dénoncer réellement, tandis que 17% lui feraient des reproches et 10% cesseraient de le voir mais sans le dénoncer.

-sondage effectué pour l'UNICEF par téléphone par l'institut Ipsos les 30 novembre et 1er décembre 2001 auprès d'un échantillon national de 942 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.