Par Le National
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Tipper Gore, une femme très différente de Hillary Clinton.

WASHINGTON, 10 août (AFP) - Tipper Gore, l'épouse du candidat démocrate à l'élection présidentielle, est une femme au foyer de 51 ans, grande avocate des valeurs familiales, très différente de Hillary Clinton.

Quand la première se rend à une manifestation contre les armes à feu, elle se noie dans la foule, en jeans et casquette. La seconde, vêtue d'un tailleur-pantalon serre des mains et fait campagne.

Si Hillary Clinton restera dans l'histoire comme une femme à poigne, froide et décidée à marquer la présidence, l'épouse du vice-président Al Gore brille plutôt par son absence sur les grands dossiers traités par son mari, et par sa chaleur.

Elle n'hésite pas à s'éclipser un quart d'heure, lors d'une cérémonie officielle, avec une femme qui lui est tombée dans les bras en pleurs.

La spontanéité chaleureuse de Tipper, un surnom donné par sa mère et qui a fait oublier son vrai prénom de Mary Elizabeth, est même devenu l'atout du candidat Al Gore, souvent critiqué pour sa rigidité.

"Le coeur et l'âme de l'équipe Gore", a titré à son propos le Washington Post.

Tipper Gore, une blonde un peu ronde, partage avec Laura Bush, 53 ans, l'épouse du candidat républicain George W. Bush, le même amour de la famille.

Comme elle, elle s'est mariée jeune, à 21 ans, et a rapidement quitté un emploi de photographe pour ne plus jamais travailler.

Mais Tipper Gore est capable de monter au créneau sur les sujets qui la touchent. Elle s'était mis à dos dans les années 80 une partie de l'industrie du disque en dénonçant le langage ordurier de certains textes de rap, et avait obtenu la mise en place d'étiquettes de mise en garde sur les disques.

Elle a l'an dernier, admis avoir souffert de dépression et co-organisé une conférence sur la santé mentale à la Maison Blanche.

Elle est aussi connue pour jouer de la batterie, pratique le rollerblade, se déhanche aux concerts de Bruce Springsteen et se laisse volontiers couler sous les vagues de l'Atlantique.

Le soir, Tipper Gore, titulaire d'une maîtrise en psychologie, quitte parfois sa maison pour aller à la rencontre des sans-abri de Washington.

Après 30 ans de mariage, un fils (Albert) et trois filles (Karenna, Kristin et Sarah), elle mène en fait sa vie comme elle l'entend.

Lorsque Mme Gore ne veut pas se plier au protocole et préfère se rendre seule à un concert pour les droits des homosexuels plutôt qu'à un dîner avec des journalistes, personne ne l'en empêche.

Tipper Gore assume enfin volontiers la fonction d'ambassadrice d'Al Gore auprès des électeurs, une tâche à laquelle Mme Bush, dans son camp, ne s'adonne pas avec autant de plaisir.

"C'est un être humain fantastique. Il est intègre, honnête, intelligent, combatif", raconte Tipper Gore sur son mari, protégeant férocement l'intimité de la famille.

Aux foules des villes parcourues cet été, elle a parlé de sujets qui ne fâchent pas: la famille, le sort des démunis. Mais Tipper n'est pas l'ombre d'Al. Pendant les campagnes, ses conseils, sollicités, ont du poids.

Courageuse, cette fille unique de parents divorcés, ne séduit peut-être pas les chantres de l'indépendance féminine, mais elle apporte au candidat l'humanité qui lui fait défaut, sans s'effacer totalement.