Par Le National
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Les Talibans condamnent à mort les homosexuels!

KABOUL, 17 sept (AFP) - Le mollah Mohammad Omar, chef suprême des taliban, dont la protection a empêché l'extradition d'Oussama ben Laden d'Afghanistan, ne manque pas de mots pour menacer l'Occident de sa rhétorique apocalyptique.

Ce refus de remettre son "hôte" à ses ennemis lui a valu le soutien et l'admiration des islamistes les plus radicaux, mais a entraîné l'isolement international de son pays ravagé par la guerre et la sécheresse.

"Vous connaîtrez des tremblements de terre et des tornades de Dieu, le tout puissant Allah, et ensuite vous serez surpris par ce qui vous arrive" avait-il averti fin 1999, au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies imposait des sanctions à l'Afghanistan pour son refus d'extrader ben Laden.

Le même vocabulaire pourrait être de mise mardi, lorsqu'une réunion de quelque 1.000 "sages et érudits de l'Islam" venus de toutes les provinces d'Afghanistan, envisageront de promulguer une fatwa déclarant le "Jihad" (guerre sainte) aux Etats-Unis.

Ces experts du Coran ont été convoqués à Kaboul par le mollah Omar, "commandeur des croyants de l'Emirat islamique d'Afghanistan", même s'il n'est pas sûr qu'il se rende lui-même dans la capitale.

Il ne s'y serait rendu que deux fois depuis sa résidence de Kandahar (sud) où il séjourne, en reclus, dans une maison construite pour lui, par l'un de ses meilleurs disciples, Oussama ben Laden dont le domicile est proche.

Selon Yossef Bodansky, auteur d'un livre sur ben Laden, les liens entre les deux hommes sont devenus familiaux par le mariage en 1998 du mollah Omar à la fille aînée de ben Laden.

Depuis, ben Laden aurait pris comme quatrième épouse la fille de son gendre.

Commandant d'unité chez les moudjahidine, le mollah Omar a perdu un oeil dans les combats contre les troupes soviétiques d'occupation. Sa véritable ascension date de 1994, lors de la désintégration de la coalition des factions de l'alliance anti-soviétique.

Aux pires moments de l'anarchie en Afghanistan, ses efforts pour restaurer l'ordre et la justice selon les principes du code islamique, la Charia, lui ont valu, ainsi qu'à ses disciples (les taliban, ou étudiants des écoles coraniques) le soutien de nombreux Afghans.

Omar se construit rapidement une double réputation, d'autorité religieuse incontestable et de chef militaire redoutable.

Ses combattants taliban, soutenus par le Pakistan voisin et indirectement par les Etats-Unis, s'emparent de Kaboul en 1996 et contrôlent actuellement plus de 90% du territoire national.

En août 1999, le mollah Omar avait survécu à ce qui paraît avoir été une tentative d'assassinat. L'explosion d'un camion à Kandahar avait tué plusieurs de ses gardes du corps.

Son autorité sur le territoire contrôlé par les taliban semble ne souffrir d'aucune contestation et le siège du pouvoir réel s'est maintenant déplacé de Kaboul à Kandahar.

Malgré cette puissance, on ne sait pas grand chose de cet homme trapu, qui n'aurait pas encore 40 ans. Il a laissé la responsabilité de tous les contacts extérieurs à son ministre des Affaires étrangères, Wakil Ahmad Mutawakil, à une ou deux exceptions près, pour recevoir une délégation chinoise ou un envoyé spécial des Nations unies.

Selon ses proches, il vit modestement, se qualifiant de serviteur de l'islam. Il préside aux réunions depuis sa couche, et donne parfois des instructions sur de petits bouts de papier.

Eduqué dans les écoles religieuses, il est parti sans finir ses études se joindre au Jihad contre les troupes soviétiques en 1979.

Dix ans plus tard, après avoir contribué à leur défaites, il lance un mouvement musulman radical depuis son école de Singesar, dans sa région natale du sud de l'Afghanistan.

Son but était de renforcer la Charia et de défendre l'Afghanistan. Les réfugiés afghans éduqués dans les écoles du Pakistan se joignent au mouvement qui prend rapidement de l'ampleur.

Si nombre d'islamistes soutiennent ses théories, au Pakistan ou ailleurs, il s'est aussi attiré la réprobation de la communauté mondiale. Le régime des taliban n'est même pas reconnu par l'Organisation de la Conférence Islamique.

Selon sa stricte interprétation de l'Islam, les femmes sont virtuellement prisonnières de leur domicile, obligées de porter un vêtement, la burqah, qui les voile de la tête aux pieds lorsqu'elles sortent. Les hommes sont obligés de se laisser pousser la barbe et ont interdiction de la tailler.

Les photographies d'êtres vivants sont interdites, on ampute les voleurs, les meurtriers sont exécutés en public par les familles des victimes, les homosexuels sont écrasés de briques et les femmes adultères sont lapidées.

Ses combattants n'ont pas le droit de fumer.

L'an dernier, le mollah Omar avait blâmé le peuple afghan, l'accusant d'être responsable de la pire sécheresse de mémoire d'homme disant "Il y a des personnes en Afghanistan qui ne sont pas reconnaissantes envers l'Emirat islamique et le système islamique".