Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Le suicide assisté: L'unanimité mais en secret!

Dans notre dernière édition, il a été démontré qu'il existait un sérieux questionnement sur le suicide assisté et sur le droit à la mort pour ceux qui la choisissent au moment où ils le désirent mais nous devions aller plus loin en allant questionner ceux qui gèrent la mort de façon technique et légale. Nous pouvons parler longuement des opinions de tous et chacun sur le droit à l'euthanasie ou le suiside assisté mais sans savoir réellement ce qu'en dit la Loi ou les assureurs, le dossier ne pouvait être complet et surtout, véritablement informatif.

Le Point a donc rencontré 3 spécialistes qui interviennent de près ou de loin lorsqu'une personne est en phase terminale et qu'elle doit songer à une fin de vie. La fin de vie, en soi, est souvent justement le résultat d'un acte médical plus ou moins ouvert consitstant à "soulager" les douleurs du patient en lui injectant, en toute connaissance de cause, des médicaments qui auront un effet certain sur la capacité respiratoire et qui causeront souvent la mort. Est-ce que l'on peut alors parler d'euthanasie? De suicide désiré par le patient et assisté d'un médecin? Est-ce que la profession médicale accepte de faire par derrière ce que la Loi interdit par devant? Ce sont des questions qui ont été posées à notre médecin ressource qui, comme les autres intervenants dans ce dossier, a exigé de garder l'anonymat puisque certaines pratiques actuelles sont considérées comme criminelles.

Le Dr Roy, (nom fictif mais dont nous connaissons l'identité réelle), spécialisé en SIDA, est lui même confronté régulièrement à des demandes de la part de ses patients qui savent comme lui que la fin est proche et qu'elle se manifestera par des douleurs interminables et souvent violentes. "Légalement, le médecin est toujours libre du traitement à administrer à un patient sur le point de décéder mais règle générale, ça tourne toujours autour de la gestion des douleurs. La morphine et ses dérivés sont d'excellents outils de contrôle mais il reste que le patient a conscience de tout et que le simple fait de mourir par manque d'air est plus terrifiant que la douleur. Souvent des patients ou des familles me demandent d'agir, au moment où la personne sera dans un coma profond, pour donner le "petit quelque chose" suffisant pour l'envoyer de l'autre côté… Mais voilà, poser un geste qui cause le décès d'une personne est un meutre au Canada. Personnellement, je suis très ouvert à l'administration de soins qui mettront un terme à la vie mais comment savoir si c'est ce que souhaite vraiment le patient? Il m'arrive parfois, lorsqu'un patient est bien lucide et qu'il décide de décéder chez lui, de lui fournir sa médication par prescritpion et de mettre une dose suffisante de médicament pouvant causer potentiellement un décès, tout en sachant que le patient sera informé de cette possibilité, de ce "danger". Si ce dernier décide de tout prendre en même temps, ça sera une question de choix personnel et je ne jugerai jamais un tel choix. Est-ce que je suis pour le suicide assisté ou l'euthanasie? Dans des circonstances bien définies et dans un contexte ou il n'existe aucune autre alternative, OUI!" déclare avec conviction le Dr. Roy.

Q'est-ce qui est criminel exactement?

Suite à notre rencontre avec le médecin, nous ne pouvions pas aller plus loin sans avoir un avis légal sur ce qui semble être une pratique fréquente dans les milieux de la santé. Me Laberge (nom fictif mais dont nous connaissons l'identité) nous a donc rencontré et avait une sérieuse mise en garde à livrer aux médecins. ´Le code criminel canadien ne reconnaît absolument aucun motif raisonnable d'administrer la mort par prescriptions ou autres. D'un côté nous avons des patients et des familles qui savent que la fin est inévitable, de l'autre, nous avons des médecins qui savent que la fin sera pénible et que toute la souffrance qui l'accompagnera sera inutile et enfin, intervient un système légal qui ne permet pas une telle intervention. Nous avons tous des exemples en tête d'utilisation de la morphine pour aider à "soulager les soufrances" mais si les familles ne disent rien, ça passera.

Malheureusement il arrive souvent qu'un membre d'une famille, dans un état de choc après le décès de son être aimé, en veuille au système de santé pour ne pas avoir pu guérir la personne et quand il apprend que le décès a été causé par des doses massives de médicaments narcotiques, porte plainte au Collège des Médecins ou directement à la police et c'est là que les choses vont mal pour le médecin. Ce dernier devra subir une enquête où il devra faire la preuve de la nécessité des doses prescrites et pourra même faire l'objet d'accusations de meurtre, comme ça se voit régulièrement partout au Canada. Tant que la Loi ne sera pas modifiée comme en Hollande, pour protéger les médecins de poursuites dans des contextes très précis et bien documentés, l'aide au suicide au Canada restera un meutre par compassion et nous ne pouvons que déplorer cette situation. Je serais le premier, je dois l'admettre, à souhaiter une fin accélérée si je devais faire face à de terribles souffrances terminales, mais comme juge, je devrais condamner à la prison toute persopnne qui m'assisteraitª, conclut le célèbre avocat criminaliste de Montréal.

Est-ce que le suicide a des conséquences sur les assurances?

Peu de gens le savent mais les compagnies d'assurance ont des clauses spécifiques qui traitent de la question du suicide. C'est donc avant de faire de telles manoeuvres qu'il est prudent de s'informer sur son assurance-vie car malheureusement, dans bien des cas, l'assurance n'est pas payable si le suicide survient dans les deux premières années de l'achat d'une assurance. Alors pour ceux qui se donnent la peine de se munir d'une assurance permettant aux héritiers de recevoir des sommes importantes pour les services funéraires, il est préférable de savoir qu'une fois le décès survenu et si l'assurance détermine qu'il y a eu abus dans la médication permettant un décès plus rapide, personne ne recevra rien. Il y aura d'un côté le corps de l'être aimé qui voulait diminuer l'impact financier de son décès en contractant une assurance-vie et de l'autre, une famille ou un conjoint qui devra finalement assumer 100% des frais, sans avoir la moindre sécurité financière pour son avenir.

Est-ce que le suicide assisté est LA solution miracle pour tous? De toute évidence la réponse est non. Chaque personne, avant de considérer seulement cette solution, devrait consulter non seulement son médecin mais surtout prendre en considération l'ensemble des impacts possibles d'une telle décision car si elle peut soulager définitivement le patient, elle peut aussi causer de nouvelles souffrances pour ceux qui resteront. À quand une Loi en matière d'euthanasie?