Par Le National
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Où vont les spermatozoïdes ?

Des chercheurs américains ont identifié une protéine qui agit sur la mobilité des spermatozoïdes. Ils affirment que leur découverte laisse envisager de nouveaux traitements dans la lutte contre la stérilité et la mise en place de contraceptifs.

On savait que la mobilité des spermatozoïdes jouait un grand rôle dans le processus de fertilisation des ovocytes. La découverte réalisée par l´Américain David Clapham, chercheur à l´Harvard Medical School de Boston, montre que cette mobilité est en grande partie due à une protéine. Depuis longtemps déjà, David Clapham cherchait dans les queues des spermatozoïdes la présence de tunnels à ions calcium. Ces passages stimulent les spermatozoïdes. Ses recherches, publiées dans la revue Nature d´octobre 2001, ont conduit à la découverte d´un gène responsable de ces tunnels, puis à la localisation de la protéine fabriquée par le gène dans les testicules. Cette protéine, baptisée CatSper (pour Cation Channel of Sperm) a ensuite été délogée des testicules d´une lignée de souris. Parmi ces animaux, les souris mâles sont devenues infertiles. "Il est probable que le tunnel à calcium soit responsable de la charge électrique qui fournit l´impulsion au spermatozoïde pour pénétrer la zone située autour de l´ovocyte", affirme David Clapham dans Nature. À la suite à cette découverte, son équipe affirme déjà que la prise d´un médicament qui invaliderait la protéine et bloquerait les tunnels à calcium pourrait constituer, dans un avenir proche, un nouveau moyen de contraception. La connaissance du rôle de la protéine pourrait aussi jouer un rôle déterminant dans le traitement de la stérilité.


Vaccins chez l´homme et la femme

Le docteur Louis Bujan, directeur du Groupe de recherche sur la fertilité humaine au CHU de Toulouse, est relativement partagé sur la portée de la découverte. En ce qui concerne la lutte contre la stérilité, l´optimisme est de mise. "On va peut-être pouvoir explorer dans les prochaines années certaines pathologies de la mobilité des spermatozoïdes pour lesquelles nous ne trouvions pas de cause jusqu´à ce jour", nous a-il indiqué. Pour ce qui est des applications en matière de contraception, le jugement est plus nuancé. "Restons prudents : ce n´est pas parce qu´on trouve un mécanisme fondamental que l´application en contraception va être possible." Jacques Montagut, biologiste de la reproduction et membre du Comité consultatif national d´éthique se veut plus confiant. "La voie ouverte par cette expérience est intéressante. On peut imaginer qu´un vaccin soit mis en place chez l´homme, pour une durée de quelques mois, ou même chez la femme, après un rapport sexuel."