Par Le National
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VIH : quel est le meilleur moment pour initier une trithérapie ?

Une étude internationale a analysé les données groupées de plus de 12.500 patients infectés par le VIH et qui initiaient une trithérapie. Leurs résultats montrent que le nombre initial de CD4 est le principal critère de pronostic pour le développement du SIDA ou la survenue dêun décès dans les trois ans qui suivent le début du traitement.


Les résultats de cette étude sont publiés aujourdêhui dans la revue médicale The Lancet et selon ses auteurs, ´ ils auront des conséquences importantes pour la prise en charge clinique et devraient être pris en compte pour lêétablissement des futures recommandations de traitement ª.


Dans leur publication, Matthias Egger (Université de Bern) et ses confrères de la ART (antiretroviral treatment) Cohort Collaborationê rappellent que les trithérapies se sont généralisées depuis 1996 avec un effet largement positif sur le pronostic des patients porteurs du VIH-1. L'objet de leur étude était de définir les principaux critères pronostic pour lêévolution de la maladie chez des patients qui nêavaient jamais été traités et qui débutaient pour la première fois une trithérapie antirétrovirale.


Afin dêobtenir un maximum de données sur ce problème, les auteurs ont utilisé 13 études prospectives menées en Europe et en Amérique du Nord, avec un total de 12.574 patients. Ces patients débutaient un traitement qui associait au moins trois antirétroviraux. Lêévolution de la maladie était suivie par le développement dêun SIDA ou un décès, et un décès seul.


´ Durant 24.310 personne.années de suivi, 1094 patients ont développé un SIDA ou sont décédés et 344 patients sont décédés ª, écrivent les auteurs.


Le facteur pronostic principal pour lêévolution vers le SIDA ou le décès était le nombre de CD4 lors de lêinitiation du traitement. Par rapport à une concentration initiale < 50 cellules/µL, les concentrations de 50-99, 100-199, 200-349 et >350 cellules/µL étaient respectivement associées à une réduction de 26 %, 48 %, 76 % et 82 % du risque de progression vers le SIDA ou de décès.


A propos de l'importance de la charge virale initiale, les auteurs ont montré quêelle augmentait le risque de progression si elle était supérieure ou égale à 100.000 copies/ml.


Des facteurs augmentaient aussi le risque : un ’ge avancé, une infection par échange de seringue ou un diagnostic antérieur de SIDA.


En prenant en compte ces différents paramètres, les auteurs ont estimé que la probabilité de progression vers le SIDA ou le décès dans les trois ans varie de 3,4 % dans le groupe de plus faible risque à 50 % dans le groupe à haut risque.


´ Cette étude est importante car elle aide à définir quand la trithérapie doit être exactement initiée dans la course de lêinfection ª, commente Egger. ´ Malheureusement, environ 60 % des patients de notre étude ont débuté [un traitement] avec un nombre de CD4 inférieur à 200 cellules ou une charge virale supérieure à 100.000 copies. Le traitement aurait été plus efficace chez ces patients sêil avait débuté plus tÙt. Nous avons maintenant besoin dêétudier les raisons du délai dêinitiation du traitement afin de maximiser les bénéfices du traitement antirétroviral actuel. ª


Source : Lancet 2002 ;360:119-29

Le privilége de réplique