Par Le National
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Sida: Le Brésil prêt à transférer "gratuitement" la technologie des génériques

BARCELONE (AFP) - Le Brésil est prêt à "transférer gratuitement aux pays qui le voudraient la technologie nécessaire à la fabrication de médicaments génériques", a assuré le Dr Paulo Teixeira, responsable brésilien de la lutte contre le sida et "père du combat pour les génériques", en présentant son bilan à la XIVe conférence internationale sur le sida qui s'achevait vendredi à Barcelone.

Le Dr Teixeira, qui avait déjà fait cette proposition par le passé, a toutefois affirmé avec modestie qu'il n'existait pas de "modèle brésilien" et que lui et ses compatriotes avaient "seulement mis en pratique les principes reconnus par la communauté internationale, notamment la déclaration des Droits de l'Homme adoptée il y a plus de 54 ans".

Avant de souligner que le Brésil - 170 millions d'habitants - compte aujourd'hui environ 600.000 séropositifs, "moitié moins que ne le prévoyait la Banque Mondiale il y a quelques années".

Pour lutter avec succès contre le virus, le Brésil a d'emblée mené des actions de prévention en direction de "groupes à risques" - homosexuels, toxicomanes, prostituées - et non pas de l'ensemble de la population, comme l'ont fait, ou le font encore, bien des pays par peur de choquer.

"Nous n'avons pas perdu de temps à mettre au point des messages ambigus (...) les autres solutions comme l'abstinence ne collent pas à la réalité et les considérations éthiques ou religieuses sur nos initiatives sont aujourd'hui les pires ennemis de la prévention", affirme-t-il.

Le Brésil a également concentré son action de prévention sur les écoles, publiques et privées, touchant 30 millions d'écoliers et d'étudiants.

Il a aussi largement diffusé préservatifs, seringues et aiguilles et, surtout, il s'est soucié très tÙt de fournir des antiviraux aux malades, les fabriquant lui-même ou négociant ’prement leurs prix quand cela était possible.

Sur les quinze molécules disponibles au Brésil, huit sont fabriquées sur place. "Et le gouvernement a fait baisser de 50% le prix de vente de quatre médicaments produits par Abbott, Merck et Roche", explique le Dr Teixeira.

"Tout n'est pas parfait et nous ne sommes pas encore en mesure d'offrir aux prisonniers et à certaines minorités le même niveau de soins et d'accompagnement qu'au reste de la population", admet-il.

Mais le Brésil, qui vient de s'engager à consacrer six millions de dollars pour monter une infrastructure de recherche sur les vaccins, s'efforce de faire des adeptes dans la fabrication de médicaments par le biais d'accords avec d'autres pays d'Amérique latine et des Caraïbes.

En dépit de cette solidarité, le Dr Teixeira reconnaît que l'argent est bien le nerf de la guerre contre le sida et que les pays occidentaux doivent mettre la main au porte-monnaie.

"Les pays riches sont riches parce qu'ils pompent la plus grande partie des biens de la planète, en diamants, en profits et en taux d'intérêt et il leur faut, pour éviter un désastre, mettre en place une sorte de plan Marshall comme cela a été fait par les Etats-Unis après la Seconde Guerre Mondiale pour aider l'Europe", martèle-t-il.

Le privilége de réplique