Par Le National
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Des vaccins antisida réussissent à bloquer la progression de la maladie

WASHINGTON, 7 sept (AFP) - Plusieurs prototypes de vaccins antisida réussissent à bloquer la progression du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) sans empêcher encore son entrée dans l'organisme, selon une série d'études encourageantes publiées cette semaine aux Etats-Unis.

Plusieurs vaccins testés sur des singes ont réussi à stimuler les défenses immunitaires pour empêcher la prolifération du VIH, réduisant dans certains cas la présence du virus à des niveaux indétectables, pendant une durée pouvant aller jusqu'à près de deux ans.

Et si aucun vaccin ne peut pour l'instant prémunir de l'infection, l'utilité de ces prototypes est néanmoins évidente pour réduire la mortalité causée par le virus, ainsi que son taux de transmission, selon les experts réunis depuis mercredi à Philadelphie (est) pour "AIDS Vaccine 2001", la première conférence dédiée aux avancées de la recherche sur les vaccins antisida.

De son côté, une équipe de chercheurs de l'université de Yale a publié vendredi dans la revue américaine Cell les résultats de ses recherches conduites sur des singes auxquels avait été injecté le virus affaibli de la stomatite vésiculaire (VSV) modifié par des gènes du VIH.

Sept singes rhésus ont reçu ce prototype de vaccin puis ont été infectés par le VIH tandis que huit autres recevaient le VIH sans vaccination. Le taux de cellules T4, cibles privilégiées du virus, a commencé à diminuer chez les singes vaccinés, mais dans des proportions bien moindres que chez les animaux non vaccinés, tandis que la charge virale était également moins élevée sur les sujets vaccinés qui restent en bonne santé depuis le début de l'étude il y 14 mois.

Aucun singe vacciné n'a développé de sida et certains sujets présentent "des charges virales basses ou indétectables", ce qui est l'objectif des malades qui suivent actuellement des trithérapies, selon l'étude conduite par John Rose, de la faculté de médecine de Yale.

Le professeur Rose espère obtenir une autorisation de l'autorité sanitaire américaine pour débuter sur l'homme des essais cliniques de ce vaccin "prometteur et qui peut être administré sans injection", par voie orale ou nasale, a-t-il ajouté.

Une autre équipe de chercheurs a contaminé 20 singes rhésus préalablement protégés par un vaccin contre la variole des vaches, auquel avaient été ajoutés des gènes du VIH. Chez 19 des 20 sujets, le taux de VIH a diminué à un niveau indétectable, selon les résultats communiqués par les chercheurs du Yerkes Primate Research Center d'Atlanta (Géorgie).

Le professeur Dan Barouch et ses collègues de la Harvard Medical School ont également fait état jeudi à Philadelphie de résultats prometteurs de leur vaccin basé sur deux gènes du virus du sida couplé à l'injection d'un gène stimulant la production d'interleukine-2 qui renforce les défenses immunitaires. Les singes vaccinés et infectés par le VIH sont en bonne santé depuis près de deux ans.

"Je suis plus optimiste que je ne l'étais il y a quelques années sur le fait que les prototypes de vaccins vont déboucher et faire une différence, aux Etats-Unis et à l'étranger", a estimé le professeur David Baltimore, qui dirige le comité gouvernemental de recherche sur le vaccin antisida.

Plus de 360 études spécialisées ont été présentées cette semaine à Philadelphie, couvrant tous les aspects de la mise en point d'un vaccin, des dernières découvertes sur le virus jusqu'aux difficultés rencontrées par les chercheurs pour tester ces prototypes de vaccin sur l'homme.

Le virus du sida a contaminé plus de 58 millions de personnes depuis le début de la pandémie, faisant 22 millions de morts, selon les dernières statistiques publiées par l'ONU.