Par Le National
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SIDA: L'expérience sénégalaise de lutte contre le SIDA citée en exemple !

OUAGADOUGOU, 8 mai (AFP) - L'expérience sénégalaise dans la lutte contre le SIDA a été prise en exemple lundi à Ouagadougou au deuxième jour de la réunion des ministres africains de la Santé de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) sur la pandémie.

Le Sénégal est l'un des des pays du continent africain les moins touchés par le SIDA, avec un taux de séropositivité de 1%, soit 80.000 porteurs du virus.

Avec ce taux situé au-dessous de 5%, le Sénégal n'est pas dans la catégorie des pays à risque, selon l'Organisation mondiale de la Santé, contrairement à la plupart des pays africains.

"L'engagement effectif des plus hautes autorités a entrainé une réponse précoce à l'épidémie dès son début en 1985", a expliqué le ministre sénégalais de la Santé, Abdou Fall, lors de cette conférence qui s'est ouverte dimanche.

Au Sénégal, la maladie a été très vite considérée comme une "priorité de santé et de développement pour le gouvernement", a-t-il ajouté.

Dans de nombreux pays africains, les autorités ont très longtemps nié l'existence de la maladie ou ont minimisé son ampleur, retardant ainsi la mise en place de programmes de lutte contre la pandémie et l'information du public.

Le budget national du Sénégal pour la prévention et le traitement de la maladie n'a cessé de croître ces dernières années. Il est passé de 100.000 dollars par an pour la période 1988 à 1992 à 250.000 dollars (1995 à 1997). Depuis 1998, il est de 750.000 dollars par an.


Organisation Mondiale de la Santé

Le gouvernement sénégalais a accordé la priorité aux activités ciblant les jeunes et les femmes. Il a également mis l'accent sur un partenariat avec les religieux et les ONG.

Des cellules anti-SIDA ont été créées par les élèves dans les lycées et collèges. Un programme de prise charge psycho-sociale a été instauré dans les casernes où les préservatifs sont distribués gratuitement aux soldats.

Un serveur vocal, installé par le ministère de la Communication, donne des informations sur la maladie et, depuis janvier, un centre de dépistage gratuit et anonyme a été mis en place.

Pour le ministre sénégalais, le "maintien du fichier de suivi et de prévention du SIDA chez les prostituées et la promotion de l'utilisation des préservatifs a contribué significativement à la prévention de la transmission du virus.

Le nombre de préservatifs vendu au Sénégal est passé de 800.000 en 1990 à 7 millions en 1997.

Les confréries musulmanes sont très influentes au Sénégal et, a expliqué M. Fall, une alliance entre les religieux et les milieux médicaux a été scellée.

"Le travail est bien réparti. Il revient au gouvernement et à ses experts de promouvoir le port des préservatifs et aux religieux les mesures de fidélité et d'abstinence", a indiqué le ministre.

"Les succès obtenus par le Sénégal prouvent que les pays en développement sont capables de relever le défis qui les menacent dès lors qu'ils savent utiliser leurs ressources humaines et qu'ils mettent en branle les mécanismes sociaux", a-t-il conclu.