Par Le National
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Sida: "situation explosive" dans l'ex-URSS

PARIS (AFP) - La surveillance du Sida et de l'infection par le virus du Sida (VIH) des 51 pays de la "région Europe" de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) révèle une "situation explosive" dans les pays de l'ex-URSS liée à l'augmentation des contaminations parmi les usagers de drogues injectables.

"A l'Ouest, le VIH est devenu endémique, tandis que plusieurs pays de l'ex-URSS sont actuellement confrontés à des situations épidémiques explosives où la propagation du VIH est largement associée à l'injection de drogues", ont-ils relevé les responsables de cette surveillance à l'occasion d'un colloque "EuroHIV", les 15 et 16 novembre à Charenton, en région parisienne.

La situation de l'infection par le VIH dans la région Europe est "très hétérogène", ont-ils souligné lors de ce colloque réuni à l'initiative de l'Institut (français) de Veille Sanitaire (InVS).

"Dans les pays de l'ex-URSS, l'épidémie d'infection à VIH s'est développée parallèlement à l'ouverture du trafic d'héroine d'Afghanistan vers l'Europe à travers les Républiques d'Asie centrale dans les années 90. Les premiers foyers épidémiques sont apparus en 1996, chez des usagers de drogues injectables (UDI), en Ukraine, dans l'enclave russe de Kaliningrad et dans le nord du Caucase", selon l'InVS.

"Depuis, l'épidémie s'est propagée aux autres pays avec une intensité variable. Dans la Fédération de Russie par exemple, 59.380 nouveaux diagnostics VIH (40 pour 100 000 habitants) ont été déclarés en 2000 comparé à 20.150 en 1999. Des augmentations très importantes sont également observées dans les pays Baltes, notamment en Estonie (28 pour 100.000 en 2000, soit 33 fois le taux déclaré en 1999) et en Lettonie (20 pour 100.000, soit 2 fois le taux de 1999). Les données du premier semestre 2001 indiquent que le taux de nouveaux diagnostics VIH continue à augmenter rapidement. Ces nouveaux diagnostics concernent en majorité des UDI (75%), des hommes (77%) et des adolescents ou des adultes jeunes (moins de 30 ans, 84%)", indique l'institut.

En Europe de l'Ouest, les homosexuels et les utilisateurs de drogues injectables (UDI), déjà largement touchés dans les années 80, demeurent les populations à plus haut risque même si les personnes infectées lors d'un rapport hétérosexuel constituent une proportion croissante des nouvelles contaminations.

La baisse du nombre annuel de cas de Sida --depuis l'introduction de puissants traitements antirétroviraux en 1996-- se poursuit, mais à un rythme plus lent. En revanche, le nombre de nouveaux diagnostics d'infection à VIH ne diminue pas : 6 cas pour 100.000 habitants pour l'ensemble des pays où la déclaration de la séropositivité a été mise en place.

Les experts ont résumé les efforts qui devront être faits, dont un rapport du Centre Européen pour la Surveillance Epidémiologique du Sida, disponible le 1er décembre 2001 sur www.eurohiv.org, donnera l'intégralité.

En Europe centrale, "globalement l'épidémie reste peu active, avec un taux de nouveaux diagnostics VIH de 0,8 pour 100.000 en 2000". A l'Ouest, les défis majeurs restent le maintien des comportements préventifs et l'accès au dépistage et aux soins pour les personnes infectées. La priorité pour l'Europe centrale, qui a su jusqu'à présent se préserver d'une épidémie de grande importance, est de conserver cette position.

En revanche, pour les pays de l'ex-URSS, "contrôler ces épidémies et prévenir la transmission sexuelle de l'infection à grande échelle est plus que jamais fondamental", avertissent les experts.