Par Le National
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Sida: le retour des comportements à risques chez les homosexuels

CHICAGO (Etats-Unis), 6 fév (AFP) - "Les comportements à risques sont de retour" chez les homosexuels, a lancé mardi en cri d'alarme un responsable des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Robert Janssen, devant la Conférence annuelle sur les rétrovirus de Chicago (Illinois, nord), où leur recrudescence facilitant la transmission du sida a été mise en exergue.

Une étude parue récemment révélait qu'après plusieurs années de déclin, les infections par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) étaient de nouveau à la hausse au sein de la communauté homosexuelle masculine de San Francisco: le taux d'infection y a plus que doublé depuis 1997 passant de 1,04% à 2,2%. Un phénomène également constaté dans des villes comme Los Angeles, Chicago et Seattle.

Dans une présentation intitulée "une recette pour la transmision du VIH", le Pr William Whitington, de l'université de Seattle, a rapporté mardi que la communauté homosexuelle de cette ville prenait peu de précautions lors de relations anales entre séropositifs et séronégatifs: 43% des 900 homosexuels interrogés n'utilisaient jamais, ou seulement quelquefois un préservatif.

Par ailleurs, a-t-il ajouté, 40% d'entre eux ne discutent pas de leur situation de séropositivité avant un acte sexuel. Enfin, 45% des séropositifs avaient des rapports sexuels avec des partenaires qu'ils savaient être séronégatifs et 43% avec des hommes dont ils ne savaient pas s'ils étaient infectés ou non.

Aux Pays-Bas, à Amsterdam, la situation a également empiré chez les homosexuels et bisexuels, a souligné un groupe de chercheurs néerlandais. Parmi les 11.240 hommes ayant consulté dans un centre de soins de 1994 à 1999 les cas de gonorrhée rectale ont augmenté de 4 à 6,8% et ceux de la syphilis de 0,4 à 1,4%. Soit un retour aux taux de 1985.

En interrogeant 84 patients séropositifs suivant des multithérapies les spécialistes ont découvert que, lorsque leur charge virale devenait indétectable, ils avaient tendance à reprendre des relations sexuelles non protégées. Or, si la baisse de la charge virale diminue les risques de transmission, il peut toujours y avoir dans le sperme des cellules capables d'infecter le partenaire et la sécurité des rapports n'est qu'apparente, ont-ils rappelé.

Une équipe de chercheurs conduite par le Dr Joseph McGowan, du centre hospitalier Bronx Lebanon à New York, a interrogé pour sa part 256 personnes de la ville, hommes et femmes, pour la plupart Noirs et d'origine latino-américaine: 50% des femmes séropositives, 29% des hommes hétérosexuels et 60% des hommes homosexuels ou bisexuels ne se protégeaient pas. Dans la plupart des cas, il s'agissait de prostitution.

Prenant conscience qu'aux Etats-Unis, ce sont très souvent les séropositifs qui transmettent l'infection, les CDC ont décidé de lancer un nouveau programme à leur intention, baptisé SAFE. Selon Robert Janssen, "il sera particulièrement consacré aux efforts pour atteindre les 200.000 à 275.000 Américains qui sont infectés mais ne le savent pas encore, et pour fournir des services d'aide aux personnes vivant avec le VIH".

Avec cette nouvelle approche, a-t-il estimé, les cas d'infection pourraient passer aux Etats-Unis de 40.000 à 20.000 par an d'ici à 2005.