Par Le National
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Une substance antisida dans les moules indiennes, selon des chercheurs

DONA PAULA (Inde), 14 juin (AFP) - Une substance riche en protéines contenue dans des moules du littoral de l'Inde, pourrait permettre d'élaborer un médicament peu onéreux pour lutter contre le virus du sida, affirment des scientifique indiens à l'issue de 10 années de recherches.

Anil Chatterji, de l'Institut national d'océanographie (NIO) dans l'Etat occidental de Goa, a indiqué que l'Inde avait sollicité en mars un brevet américain, après avoir découvert que des extraits de moules disposait d'un "énorme potentiel" pour développer un médicament antisida.

"Nous avons passé dix ans à travailler, pour tester et isoler le composant chimique actif trouvé dans la composition d'extraits d'hydrolyse de la moule à coquille verte", a précisé M. Chatterji, directeur du programme.

"Nos études démontrent qu'en plus d'être une source de protéines bon marché, cette espèce de moule permet de créer un médicament efficace contre le VIH", a-t-il ajouté.

Les chercheurs du NIO ont collaboré avec des scientifiques russes et avec un autre organisme de recherche indien pour aboutir à cette découverte.

"Les premiers résultats de nos analyses nous ont encouragés à persévérer, pour parvenir à isoler les propriétés anti-VIH et anti-retrovirus de l'hydrolyse des moules. Nous avons demandé un brevet aux Etats-Unis et les tests de toxicité cliniques nécessiteront un an", a indiqué le chercheur.

Alors que les médicaments anti-retrovirus existants, tel que l'AZT, qui renforcent le système immunitaire des personnes séropositives, sont très chers, un porte-parole du NIO, S.W.A Naqvi, s'est dit optimiste sur le coût modique du médicament indien.

"Il n'y pas de pénurie de moules vertes en Inde. Cela devrait permettre d'obtenir un médicament antisida bon marché", a-t-il déclaré.

Les deux espèces de moules retenues par les chercheurs sont en effet présentes le long des 7.000 kilomètres de côtes indiennes.

L'Inde figure au deuxième rang mondial en nombre de séropositifs et les chercheurs du centre de Goa ont indiqué qu'ils avaient engagé une course contre la montre pour mettre ce nouveau médicament sur le marché.

"Nous avons recruté des gens de la multinationale pharamceutique, Glenmark Pharmaceuticals, pour accélérer les travaux de recherche", a indiqué M. Chatterji.

Outre le NIO, d'autres organismes en Inde tentent de produire des médicaments contre le sida à des prix accessibles. La société indienne, Cipla, a eu un rôle de précurseur en la matière, en offrant par le biais de l'organisation Médecins sans Frontières (MSF) un traitement de tri-thérapie à des organisations humanitaires au tarif de 350 dollars par personnes et par an.

Le prix habituel de ce type de traitement sur le marché international est généralement compris entre 10.000 et 15.000 dollars par an.

Un rapport du ministère indien de la santé, publié en fin d'année dernière, a révélé que mi-98, 3,5 millions d'Indiens étaient porteurs du virus VIH mais des estimations non officielles font état d'un chiffre proche de 5 millions.