Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Suisse: nouvel espoir pour le traitement du SIDA

GENEVE (AP) -- Des chercheurs de l'Université de Genève ont annoncé mardi avoir découvert un composé actif contre le virus du SIDA jugé environ un million de fois plus puissant que le médicament traditionnel AZT. Brevetée au début de l'année, la substance vient de faire l'objet d'un contrat de licence entre l'université et le laboratoire français Mayoly Spindler afin de permettre le développement d'un nouveau médicament. Sa mise au point pourrait prendre encore trois ans au moins, selon le professeur genevois Jean Tronchet.

Dans le cadre d'une recherche sur les molécules antivirales et anticancéreuses, le Pr Tronchet et son équipe du laboratoire de chimie pharmaceutique ont découvert une molécule active -dont le le nom de code est NU 1320- contre le SIDA qui serait environ un million de fois plus puissante que l'AZT (azidothymidine), un inhibiteur lancé en 1987.

On sait que le VIH s'attaque aux défenses immunitaires que sont les lymphocytes. En se fixant sur ces cellules du sang, il introduit une partie de son code génétique dans le noyau. Le lymphocyte ainsi investi reproduit alors le virus. Or, les chercheurs ont constaté que le nouveau composé empêche le virus présent dans le lymphocyte d'introduire son ADN dans le noyau.

En outre, il possède l'avantage d'être très peu toxique pour les lymphocytes humains et de se fixer solidement sur sa cible. L'inhibiteur de la multiplication du VIH, comme ses homologues moins actifs, n'est toutefois pas actif contre les virus mutants ou résistants. On pourrait toutefois, selon le Pr Tronchet, contourner cet inconvénient par des multithérapies, par exemple en utilisant les deux inhibiteurs, le NU 1320 et l'AZT. Ainsi, les virus résistants à l'un ne le seront pas à l'autre.

Les recherches genevoises menées depuis plusieurs années ont porté in vitro sur environ 30 souches virales différentes, notamment des souches africaines. L'accord signé entre l'Université de Genève et l'entreprise pharmaceutique française Mayoly Spindler va permettre de passer au stade préclinique et d'étudier, entre autres, le cheminement du produit dans l'organisme à l'aide de radio-marqueurs. A terme, il est possible que le relais des recherches soit repris par une entreprise d'envergure internationale.

Le Pr Tronchet poursuivra sa collaboration avec le laboratoire français. Testée par la société française, la molécule sera modifiée, en fonction des observations, par l'Université de Genève. Par ailleurs, un accord est négocié entre l'Université de Genève et la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) pour mettre en commun des moyens permettant de fabriquer la nouvelle molécule à grande échelle.