Par Le National
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La presse européenne juge sévèrement le bilan du sommet de Gênes

PARIS, 23 juil (AFP) - La presse européenne jugeait sévèrement lundi le bilan du sommet du G8 à Gênes (Italie) dont les travaux achevés dimanche ont été occultés par des violences qui ont fait un mort dans les rangs des manifestants anti-mondialisation.

La mort de Carlo Giuliani, un Italien de 23 ans tué par balle par un jeune policier, "pourrait rester comme l'événement qui aura poussé le monde à rejeter enfin ces sommets dispendieux et ultra-sécurisés", résume le quotidien britannique The Guardian (centre-gauche).

La réunion des chefs d'Etat a produit "les platitudes habituelles", ajoute le Financial Times (libéral): le fonds mondial contre le Sida, la malaria et la tuberculose, présenté comme la seule décision du sommet, sera "largement financé en rebaptisant des fonds d'aide existants" et pour le réchauffement de la planète, les leaders mondiaux "sont convenus de ne pas tomber d'accord".

"A quelques arrangements près, ces sommets n'ont jamais paru servir que de vitrine à des décisions prises ailleurs, voire d'habillage à l'absence de toute décision", estime pour sa part le quotidien français de gauche Libération.

Les participants à ce sommet "ont au moins compris qu'il leur faudrait à l'avenir être plus discrets, moins présomptueux", renchérit le journal belge Le Soir. Mais "l'idée que la vie des Africains va être transformée", poursuit le britannique Daily Telegraph (droite), est "une cruelle plaisanterie".

"Les dirigeants du G8, qui se sont engagés à mettre en place +un large partenariat avec la société civile+ ont un an pour montrer qu'ils sont prêts à ouvrir le dialogue avec les ONG pour réfléchir ensemble", ajoute le quotidien de référence Le Monde.

Certains titres de la presse allemande se prononcent pourtant pour l'utilité de ces sommets au plus haut niveau, "non seulement parce que les puissants peuvent mieux se connaître mais aussi parce qu'ils peuvent faire beaucoup ensemble pour le bien des autres nations", pour le quotidien Sueddeutsche Zeitung(centre-gauche), citant notamment l'allègement de la dette des pays pauvres décidé au sommet de Cologne en 1999.

Le G8 "unit des pays qui à l'exception de la Russie sont pour l'économie mondiale d'une importance supérieure et qui en majorité sont aussi prêts à assumer leur responsabilité mondiale", affirme aussi le Frankfurter Allgemeine Zeitung (droite).

La Repubblica, quotidien italien de centre-gauche, revient sur les conséquences pour le pays de la mort de Carlo Giulani: le ministre de l'Intérieur italien Claudio Scajola, un des plus fidèles collaborateurs de M. Berlusconi, a "haussé la ton" et convoqué le chef de la police Gianni De Gennaro pour rendre compte des événements, note le journal.

La presse européenne s'interroge aussi longuement sur la légitimité et l'avenir du mouvement anti-mondialisation, aux composantes très hétérogènes, qui peuvent toutefois se targuer d'"un succès total de la politique de communication" pour le journal socialiste grec Ta Néa.

Le mouvement "doit entamer une sévère autocritique pour avoir autorisé qu'une minorité radicale et violente vienne salir ses arguments et transformer les manifestants qui demandent paix et justice en de dangereux vandales qui détruisent tout sur leur passage", juge le quotidien catalan La Vanguardia.

Pour le journal suisse Basler Zeitung (centre-gauche), "les activistes violents ne sont pas la branche armée d'un mouvement d'avenir en pleine croissance" mais "les pires ennemis des opposants responsables à la mondialisation".

Le quotidien slovène Dnevnik affirme enfin que les manifestants pacifiques sont confrontés à un problème majeur, car "ils sont en train de perdre la bataille avec les anarchistes".