Par Le National
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Les associations caritatives s'inquiètent de la baisse des dons

NEW YORK, 5 oct (AFP) - L'élan de solidarité exceptionnel en faveur des victimes de l'attentat du World Trade Center a un effet pervers: les dons se font au détriment d'autres associations caritatives new-yorkaises, qui se plaignent de collecter moins de fonds.

"Notre revenu a considérablement baissé, de l'ordre de 30%", explique Marcia Stein, directrice de Citymeals-on-Wheels, une ONG qui distribue des repas à 17.000 personnes âgées impotentes de la ville. En temps normal, son association reçoit environ 250.000 dollars par semaine.

"Si les choses ne s'arrangent pas d'ici le printemps, nous devrons distribuer moins de repas. Nous avons envoyé une lettre à nos donateurs et nous passons notre temps à essayer de faire comprendre notre situation".

L'organisation Bailey House, qui héberge et nourrit les malades du sida, a enregistré une chute de 20 à 40% de ses ressources et s'apprête à faire des coupes dans son budget.

"Ces restrictions, et celles que devront faire les autres organisations d'aide aux malades, affecteront directement les quelque 2O0.000 séropositifs et malades du sida de New York", regrette Gina Quattrochi, sa directrice générale. "C'est entre maintenant et le 31 décembre que nous récoltons d'habitude 60% de nos dons".

"Nous comprenons très bien qu'après les attentats les efforts se soient concentrés sur les organisations qui aidaient les victimes, comme la Croix Rouge. Mais cela a sans aucun doute affecté les ressources que nous recevions des donateurs privés", assure Janine Carendy, du Center for Family and Children.

Plus de 750 millions de dollars de dons privés ont été récoltés depuis le 11 septembre pour venir en aide aux victimes du World Trade Center, un montant sans précédent pour une catastrophe sur le sol américain.

L'organisation d'aide à l'enfance "Big Brothers and Big Sisters", qui parraine des enfants défavorisés, assure avoir perdu près d'un million de dollars de fonds qu'elle recevait de partenariats avec des entreprises et des institutions situées dans le World Trade center - comme la société de télécommunications Verizon - ou dans le quartier financier.

"En plus de ça, la ville a réduit notre subvention, alors que nous n'avons jamais eu autant d'appels d'enfants qui demandent du soutien", explique Amanda de Leon, directrice des manifestations.

Plutôt que des conséquences immédiates, le Community Food Ressource Center, qui distribue des repas pour les défavorisés à Harlem, se préoccupe surtout de "ce qui va se passer dans les six mois qui viennent", assure Kathy Goldman, sa directrice.

"Le nombre de personnes sans emploi risque d'augmenter considérablement. Comment tous ces gens vont-ils recevoir de l'aide? Comment allons-nous pouvoir faire face à cette augmentation des besoins dans la période qui vient?".