Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Deux ans et demi de tôle pour un site porno

Un Français installé en Grande-Bretagne est actuellement en prison pour avoir édité un site porno hard hébergé aux États-Unis. Depuis sa cellule, il proteste contre ses conditions de détention.

C´est une histoire hallucinante, à peine évoquée il y a quelques mois dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian et révélée jeudi 3 mai par le site du Nouvel Observateur : Stéphane Perrin, un Français de 29 ans, a été condamné, en novembre 2000, à 30 mois de prison par un tribunal londonien pour "obscénité". Son tort : avoir édité un site pornographique gay, certes plutôt crade et porté sur l´ondinisme. Bien que le site soit hébergé aux États-Unis où la pornographie est en partie couverte par la protection de la liberté d´expression , le tribunal a estimé que la présence de Stéphane Perrin sur le territoire britannique l´autorisait à statuer. Il a estimé que les pages d´accueil du site tombaient sous le coup de la loi et prononcé une peine de six mois inférieure au maximum encouru. D´après le Guardian, lors du procès, "le juge a déclaré que des peines plus lourdes seraient nécessaire pour éradiquer les canaux de dépravation". L´auteur du site a fait appel de la décision, mais le nouveau procès qui devait avoir lieu le 3 mai a été reporté. Bénéficiant de remises de peines, Stéphane Perrin devrait être libéré le 20 juin prochain. En attendant, il dit avoir entamé une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. Transfert a pu joindre Patricia Lafargue, la compagne de Stéphane Perrin. Interview.


Pourquoi cette affaire n´a-t-elle pas fait davantage de bruit dans la presse britannique ?
Je suis la première surprise. Pourtant j´ai démarché tous les journaux. Tous m´ont dit qu´ils ne pouvaient rien pour nous. Ça ne les intéresse pas. Ils ne s´étonnent même pas que la condamnation prononcée soit aussi lourde. Il y a quelques mois, un réseau de pédophile alimentant des sites internet a été démantelé ; la plus haute peine prononcée fut de deux ans et demie, la même que Stéphane !


Qui a porté plainte ?
Je crois savoir que c´est une dénonciation, mais le ministère public a pris seul la responsabilité des poursuites. En se fondant sur une loi de 1959, il a attaqué sur la notion de publication obscène (obscene publication). Pendant une journée entière, le tribunal a débattu pour se mettre d´accord sur une définition du mot "obscène".


Pourquoi s´en prendre à ce site en particulier ?
Je n´ai jamais compris. Tout ce que je sais, c´est que le président du tribunal a dit qu´il voulait faire un exemple pour éviter la prolifération des sites pornographiques. D´après moi, le juge n´a pourtant pas apporté la preuve que Stéphane alimentait le site depuis l´Angleterre, puisque le site est édité aux États-Unis.


Votre compagnon dit faire une grève de la faim. Dans quel but ?
Bien sûr, il proteste contre la condamnation qui lui a été infligée. Mais cette grève de la faim, entamée il y a trois semaines, a surtout pour but de dénoncer ses conditions de détention. Victime d´une agression en prison, il a fait signer une pétition à ses codétenus et depuis il ne reçoit plus de courrier et est victime de brimades.