Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Le sexe, est-ce vraiment utile?

NEW YORK (AP) -- Le sexe est-il utile? En cette période de Saint-Valentin, la question paraît un peu provocatrice, mais elle est tout à fait pertinente pour les scientifiques qui s'arrachent les cheveux depuis plus d'un demi-siècle sur ce sujet. En fait, les experts pensent que la bagatelle présente vraisemblablement un intérêt... génétique, même s'ils ne savent pas vraiment lequel.

''C'est clairement une des questions les plus fondamentales dans la biologie de l'évolution'', estime William Rice de l'Université de Californie. Le sujet suscite le débat scientifique depuis plus d'un demi-siècle et a donné lieu à la publication de quelque 20 théories.

Le sexe n'est pas incontournable dans le règne animal et végétal et des milliers d'espèces asexuées se passent d'ébats amoureux. Ainsi, chez certaines espèces de lézard, il n'y a que des femelles qui se clonent grâce à des oeufs non fécondés.

Les rotifères bdelloïdes, des créatures microscopiques, se reproduisent par clonage asexué depuis des dizaines de millions d'années. Cela ennuie beaucoup les scientifiques qui ne pensaient pas qu'une telle chose soit possible.

En fait, il est rare que des espèces asexuées vivent très longtemps à l'échelle de l'évolution, ce qui laisse entendre que la reproduction sexuée a quelque chose de bénéfique.

Les espèces asexuées transmettent le même patrimoine génétique à leurs descendants alors que les sexuées créent de nouvelles combinaisons de gènes en se reproduisant.

La plupart des scientifiques proposent actuellement deux théories pour expliquer les bienfaits supposés du sexe. Il aiderait une espèce à se débarrasser de gènes mutants nuisibles ou bien à profiter d'une mutation bénéfique. L'explication pourrait être un mélange des deux hypothèses, même si les scientifiques estiment que l'une ou l'autre est probablement le facteur principal.

M. Rice a rapporté une étude sur des mouches drosophiles en octobre, qui soutient la théorie selon laquelle le sexe aide à la diffusion des bons gènes au sein d'une population. Il a découvert qu'un bon gène se répandait plus rapidement dans le cas où il y avait un mélange des gènes. Son étude a aussi montré que des mutations néfastes s'accumulaient plus vite quand il n'y avait pas de mélange génétique.

En fait, il semble que l'homme produit naturellement des mutations nuisibles si souvent que notre espèce aurait disparu si nous n'utilisions pas le sexe pour nous en débarrasser, estime M. Rice. Mais on ne sait pas avec quelle fréquence cette situation se produit chez les animaux et donc dans quelle mesure la théorie se vérifie.

Les invertébrés qui produisent leur descendance rapidement constituent particulièrement un mystère, souligne Peter Keightley de l'Université d'Edimbourg en Ecosse. La plupart des biologistes de l'évolution privilégient probablement les théories sur la diffusion des bons gènes plutôt que sur l'élimination des mauvais, ajoute cet expert. Mais ''nous avons besoin de meilleures données pour trancher,'' estime-t-il.

Le privilège de réplique