Par Le National
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Les occidentaux consomment trop de sel

PARIS (Reuters) - Les Français consomment deux à trois fois trop de sel dans leur alimentation, ce qui entraîne des risques pour leur santé, notamment cardiovasculaires, révèle l'hebdomadaire Le Point dans son édition à paraître jeudi.

Le Point cite les travaux de Pierre Meneton, chercheur à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui affirme que "les Français sont empoisonnés de façon chronique par le sel que rajoute en excès l'industrie agroalimentaire au moment de la fabrication de ses produits".

"La majorité des études scientifiques actuellement disponibles montrent que l'excès de chlorure de sodium serait responsable chaque année en France d'au moins 75.000 accidents cardiovasculaires, dont 25.000 décès", estime le chercheur.

Il rappelle aussi que "le sel est également fortement soupçonné de favoriser l'ostéoporose, une fragilité osseuse qui concerne plus de 2 millions de Français".

Chaque Français ingère en moyenne quatre kilos de sel par an, près de deux fois la dose limite fixée par l'Organisation mondiale de la santé.

Et, selon Pierre Meneton, ce n'est pas la salière qui est en cause mais le sel préincorporé dans les aliments par l'industrie agroalimentaire, le plus souvent à l'insu du consommateur puisque la mention de chlorure de sodium n'est pas obligatoire sur l'étiquette des produits.


Un bol de céréales = un bol d'eau de mer


Le magazine Que Choisir doit publier dans son prochain numéro une centaine d'analyses révélant la présence de sel dans les biscuits sucrés, les soupes, les boissons sodées, le pain, les plats cuisinés.

Un bol de céréales du matin contient ainsi autant de sel qu'un bol d'eau de mer tandis qu'un paquet de chips représente à lui seul l'équivalent de trois bols d'eau de mer.

Jacques Fricker, nutritionniste à l'hôpital Bichat à Paris, souligne dans Le Point que "le sel est utilisé comme cache-misère", que "c'est un exhausteur de goût pas cher, qui masque la fadeur d'un certain nombre d'aliments industriels bas de gamme".

Grâce à sa faculté de rétention d'eau, le sel permettrait aussi d'augmenter artificiellement le poids des aliments.

Pierre Meneton souligne par ailleurs que l'absorption de sel entraîne une consommation accrue de boissons.

Le Point s'interroge sur l'absence présumée de prise de conscience des pouvoirs publics en France, rappelant que l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a jugé qu'"il n'apparaît pas nécessaire de lancer des campagnes publiques alarmistes et médiatiques sur le sel, au détriment d'autres enjeux de santé publique".

L'hebdomadaire affirme que des scientifiques liés au lobby du sel ont été invités à se prononcer par les pouvoirs publics.

Il souligne que la Grande-Bretagne a demandé aux industriels de réduire dans un premier temps de 30% les ajouts de sel dans les aliments préparés, le tout assorti d'une campagne d'information sur les dangers du sel, et ajoute que les pays scandinaves ont divisé par deux leur consommation de sel en dix ans.