Par Le National
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Le Congrès américain au secours des "Boy Scouts"

WASHINGTON, 15 juin (AFP) - Après la Cour suprême des Etats-Unis, le Sénat s'est à son tour porté au secours des "Boy Scouts", critiqués parce qu'ils excluent les homosexuels de leur rangs, en menaçant de couper tout financement fédéral aux établissements scolaires qui limiteraient l'accès à leurs installations des membres de l'association.

Après un débat tumultueux pendant lequel certains républicains ont lu, dans l'enceinte de la chambre haute, la profession de foi des Scouts, le Sénat a en effet approuvé de justesse jeudi (51-49) une disposition législative en ce sens, dans le cadre d'un débat sur un projet de loi de réforme dans l'enseignement primaire et secondaire.

La Chambre des représentants a fait de même le mois dernier.

Pour entrer en vigueur, l'ensemble du projet de loi devra faire l'objet de négociations entre les deux chambres, puis être à nouveau approuvé au vote et, enfin, signé par le président George W. Bush.

Les "Boy Scouts d'Amérique", forts de plusieurs millions de membres, excluent les homosexuels de leurs rangs, en estimant que l'homosexualité est en contradiction avec leurs valeurs et profession de foi, une pratique décriée par beaucoup aux Etats-Unis.

Mais, attaqués en justice, ils ont obtenu gain de cause en juin 2000 dans un arrêt très médiatisé de la Cour suprême des Etats-Unis qui avait jugé que les Boy Scouts avaient le droit de refuser les homosexuels dans leurs rangs.

Les juges avaient estimé, par cinq voix contre quatre, que les Boy Scouts étaient une organisation privée à but non lucratif et qu'ils avaient donc le droit de choisir leurs membres.

A l'époque, l'affaire concernait un jeune homosexuel du New Jersey, James Dale, un scout modèle qui avait gravi les échelons de l'organisation de jeunesse pendant 12 ans. Expulsé en 1990 après avoir donné une interview à un journal local portant sur ses activités au sein d'un groupe universitaire homosexuel, il avait attaqué l'association en justice.

Mais plusieurs circonscriptions ou établissements scolaires à travers le pays ont tenté de limiter récemment l'accès des Boy Scouts à leurs installations, pour protester contre une pratique jugée discriminatoire, ce qui a amené des parlementaires conservateurs à porter le débat au Congrès.

Parmi eux, le sénateur républicain Jesse Helms, lui-même ancien scout, s'est insurgé lors du débat jeudi contre le fait que "malgré la décision historique (de la Cour suprême), des militants radicaux continuent d'agresser de façon malicieuse cette organisation respectable".

Tout en apportant leur soutien aux Scouts, les adversaires de M. Helms ont dénoncé "une ingérence" dans le pouvoir des autorités scolaires locales.

"Les écoles vont devoir cautionner des organisations par crainte d'être accusées de discrimination" à l'égard de ces groupes, avait déploré le leader de la majorité démocrate au Sénat, Thomas Daschle.

Contre-attaquant, ils ont du coup offert leur propre amendement, également approuvé, qui requiert simplement des autorités scolaires qu'elles garantissent une égalité d'accès à tous les groupes de jeunesse, quelle que soit leurs positions en matière d'orientation sexuelle. Le débat devra être désormais tranché en conférence parlementaire.

Selon le site officiel des "Boy Scouts d'Amérique", environ 3,4 millions de jeunes faisaient partie de l'association en l'an 2000, en baisse de 1,2% par rapport à 1999.