Par Le National
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Première journée de travail du sommet de la SADC dans le plus grand secret

BLANTYRE, 13 août (AFP) - La première journée de travail du sommet de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), lundi à Blantyre, s'est tenue dans le plus grand secret, les chefs d'Etat et de gouvernement et le roi du Swaziland ayant choisi de se réunir à huis clos.

Aucun de leurs conseillers, ni même de leurs minsitres, n'ont assisté aux entretiens des dirigeants. La plupart d'entre eux ont tué le temps en discussions informelles autour d'un verre dans les jardins du seul grand hôtel de la ville, où se tiennent les réunions de travail du sommet.

Ce fut notamment le cas des trois ministres de la délégation du Zimbabwe, Stan Mudenge (Affaires étrangères), Joseph Made (Agriculture et Redistribution des terres) et Jonathan Moyo (Information et Publicité) qui, d'humeur détendue, ont longuement conversé entre eux et avec leurs homologues de la région.

Fait exceptionnel, ils ont même accepté de dire quelques mots aux journalistes étrangers, ce qu'ils ne font pratiquement jamais dans leur pays.

De source diplomatique, on indique que la situation au Zimbabwe, où le président Robert Mugabe a mis en place une réforme agraire accélérée et controversée, visant à redistribuer à des milliers de familles noires la quasi-totalité des terres appartenant à des Blancs, devait être discutée lors du sommet.

La SADC a mandaté les présidents sud-africain et malawite, Thabo Mbeki et Bakiri Muluzi, pour aborder cette question avec leur homologue zimbabwéen, selon cette source.

Les neuf chefs d'Etat et de gouvernement et le roi du Swaziland, Mswati III, devaient également évoquer la restructuration de la SADC, lancée au sommet extraordinaire de la Communauté en mars à Windhoek.

Cette restructuration vise à accélérer l'intégration des pays de la région, à faciliter leur adaptation à l'économie mondiale et à mettre en place des structures de défense communes capables de prévenir les conflits dans la région.

Le sommet de Blantyre doit désigner un nouveau président pour l'organe de défense de la Communauté, qui était jusqu'alors présidé par Robert Mugabe.

Moins autonome qu'il ne l'était auparavant, le nouvel organe de défense devra rendre des comptes au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement.

Cette intégration aux structures de la SADC permettra d'éviter certaines cacophonies, comme ce fut le cas en 1999 lorsque le Zimbabwe, qui présidait l'instance de défense, avait décidé d'envoyer des troupes en République démocratique du Congo (RDC), quand dans le même temps le président en exercice de la SADC, Nelson Mandela, appelait à la négociation.

Le sommet de Blantyre, qui s'achève mardi, doit également discuter des moyens de renforcer la lutte contre la pauvreté et le sida, deux fléaux qui, avec les conflits en RDC et en Angola, freinent le développement économique de la région.

L'absence des présidents de RDC, Joseph Kabila, et d'Angola, Eduardo dos Santos, du sommet de Blantyre ne permettra pas d'aborder de manière approfondie la situation dans les deux seuls pays en guerre de la SADC, comme cela avait été initialement prévu.

Deux autres chefs d'Etat et de gouvernement, le président seychellois France-Albert René et le Premier ministre mauricien Anerood Jugnauth, sont également absents de Blantyre.

Quatorze pays appartiennent à la SADC: Afrique du Sud, Angola, Bostwana, Malawi, île Maurice, Mozambique, Namibie, Lesotho, RDC, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.