Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


La Reine d'Angleterre et du Canada complêtement détachée de la question gaie.

d'après le journal "La Repubblica"
Trad. Gilles Schaufelberger, correspondant du National à Marseilles

Les organisateurs de la trentième marche des gays et des lesbiennes londoniens (je répète : la trentième !) ont écrit à la Reine : "Votre Majesté, nous défilons pour nos droits". Qualifier la réponse reçue de tolérante ou libérale serait un pléonasme, parce que le droit de quiconque de manifester pour quoi que ce soit est tout simplement indiscutable en Grande Bretagne. Mais il convient de la qualifier de courtoise : "La Reine est à l'étranger en ce moment - écrit le courtisan de service - mais je suis sûr qu'elle voudrait vous remercier de l'avoir informée de votre Festival 2000."


La Reine Elizabeth II

Festival qui est qualifié d'"intéressant" un peu plus loin, avant le chef-d'oeuvre final de cordialité formelle : "Nous vous souhaitons de tout coeur que vos célébrations puissent être plaisantes."... Sublime et royale indifférence plus qu'approbation sincère ? C'est possible, mais on s'extasie devant cette indifférence, à la différence de l'Italie de Giulio Amato ou de la Rome papale de Francesco Rutelli.

Sur la Jubilee Line (Ligne du Jubilé) du métro de Londres, huit heures trente du matin, deux filles échangent des câlins et de douces effusions. Une caresse derrière la nuque, un chaste baiser lèvres serrées, le dos d'une main effleuré par la paume de l'autre. Ostentation ? Provocation ? Ou elles s'aiment et voilà ! Le wagon chargé de banlieusards les ignore et lit le journal. Indifférence bourgeoise et conformiste ? Peut-être, mais on adore cette indifférence à la différence de l'Italie de Storace (anagramme malheureux de Socrate !)

Le fait est que la liberté est une marchandise qui s'achète en bloc : liberté économique, liberté civile et liberté sexuelle. Liberté et libéralisme. Il n'existe pas de Maison de la Liberté où l'on puisse garder fermées certaines pièces. Il n'existe pas de libéral qui puisse qualifier d'inopportunes certaines libertés. Dans un pays libéral, le conflit entre la morale laïque et la morale religieuse ne s'éteint pas (comment le pourrait-il ?), mais il se déroule sur des frontières plus avancées. Par exemple : Le gouvernement de Londres voudrait abolir l'interdiction légale faite à tout enseignant du Royaume de promouvoir et d'illustrer l'homosexualité dans les écoles. Difficile à digérer pour les anglicans et les catholiques, qui se sont soulevés. Un milliardaire écossais a été jusqu'à organiser à ses frais un référendum privé pour défendre la norme, et naturellement, il a gagné.

L'Eglise Catholique locale, minoritaire et donc un peu moins arrogante que celle de Rome, est prête à un compromis : expliquez l'homosexualité aux enfants, à condition que vous leur enseigniez la supériorité du mariage entre hétérosexuels.

Les libéraux anglais résistent, parce qu'ils se battent pour l'égale dignité de chaque style de vie. Les libéraux italiens, par les temps qui courent, se contenteraient de l'autorisation de se rassembler sur une place.