Par Le National |
Cancer localisé de la prostate : alternatives thérapeutiques (D'après RGL-Maginfo)
Les traitements classiques (radiothérapie externe et prostatectomie totale) sont grevés de complications difficilement acceptables : digestives, vésicales, et surtout incontinence et impuissance.
Si certains ont fait l'objet d'études randomisées, d'autres déclenchent des engouements éphémères ou ne bénéficient pas d'assez de recul. L'Institut Curie a fait le point sur ces nouvelles techniques (Séminaire de l'Institut Curie - Paris - intitulé " Evolutions récentes dans le cancer de la prostate ", organisé en collaboration avec l'hôpital Cochin - mars 1999 - sous la direction du Pr Jean-Marc Cosset - Institut Curie).
améliorer le contrôle local et réduire la toxicité La radiothérapie conformationnelle utilisée dans le cancer de la prostate est une irradiation externe fractionnée (2 Gy par séance, cinq séances par semaine, pendant sept à huit semaines), délivrée par un accélérateur linéaire de particules. Elle a les mêmes indications que la radiothérapie conventionnelle. Elle s'en différencie lors de sa préparation et de sa réalisation, par un meilleur plan de traitement et un meilleur contrôle de qualité. Elle permet de délivrer à la tumeur des doses plus élevées (15%), tout en diminuant l'irradiation du rectum et de la vessie. L'amélioration du contrôle local qui en résulte devrait réduire le risque métastatique secondaire et améliorer la survie des patients.
Débutée en 1995 à l'Institut Curie, à la dose conventionnelle de 68 Gy, l'irradiation conformationnelle du cancer de la prostate a été porté en 1997 à 76 Gy, sans accroître les signes d'intolérance immédiate ni les complications à court et moyen termes. Une nouvelle génération d'accélérateurs linéaires de particules, dotés d'un collimateur multilames et d'un système d'imagerie numérique en temps réel, facilite la réalisation de ce traitement. L'utilisation de cette technique est actuellement limitée par son coût économique, humain et matériel (d'après une communication du Dr Dominique Pontvert - Institut Curie).
La curiethérapie connaît un regain d'intérêt, en particulier grâce à l'amélioration des techniques échographiques et de dosimétrie. Cette appellation recouvre en fait des techniques différentes selon la source utilisée - grains d'iode 125 le plus souvent ou palladium - et selon qu'elle est effectuée avec ou sans " préplanning ". Elle peut être associée à une radiothérapie externe (possibilité d'un surdosage prostatique épargnant les organes voisins) ou à une hormonothérapie. La curiethérapie s'adresse aux cancers circonscrits à la prostate, T1 et T2, sans symptômes obstructifs majeurs, le caractère localisé de la maladie étant vérifié par IRM endorectale, avec un PSA inférieur à 15 nanogrammes par millilitre et une scintigraphie osseuse négative. Le traitement comporte deux étapes :
Cette technique utilise l'iode 125 dont la période est de 125 mois. Chaque grain délivre 0,4 millicurie. On utilise en moyenne cent grains. La dose totale optimale, entre 140 à 160 Gy en monothérapie, n'est pas encore déterminée. Les complications sont celles de l'anesthésie générale ou de l'implantation : prostatites, hématurie, troubles microtionnels pendant deux à six mois, nécessitant une semaine d'anti-inflammatoires et des alphabloquants pendant quelques mois. L'incontinence est très rare (moins de 1% si ces patients n'ont pas été opérés au préalable), le taux d'impuissance à six ans est compris entre 15 et 20%.
La curiethérapie, par ses résultats et sa morbidité minime, est une technique très intéressante, à condition de sélectionner rigoureusement les patients. Ses implications sont limitées :
en cours d'évaluation De nouvelles techniques chirurgicales du cancer de la prostate font actuellement l'objet d'études. Elles visent à réduire la durée d'hospitalisation, à diminuer la douleur post-opératoire, à raccourcir la période d'incontinence urinaire et à préserver au maximum la fonction érectile. Ces différentes méthodes ne doivent pas, pour l'instant du moins, être considérées comme un traitement standard du cancer de la prostate.
L'hormonodépendance du cancer de la prostate est connue depuis longtemps, puisque les premières castrations thérapeutiques ont été réalisées en 1941. Ces dernières années, les antiandrogènes non stéroïdiens ou les antagonistes de la LH-RH ont supplanté les estrogènes. Ils n'ont pas fait la preuve d'une efficacité plus grande, mais la morbidité est nettement inférieure. Comparée à la castration isolée, l'association orchidectomie + antiandrogènes se révèle très décevante, quelle que soit l'importance de l'extension métastatique, qu'on retienne pour critère la survie sans progression tumorale, le blocage hormonale ou la survie globale. L'hormonothérapie a prouvé son intérêt en tant qu'adjuvant, comme l'ont montré des résultats significatifs de l'association radiothérapie + hormonothérapie par rapport à la radiothérapie seule dans les stades localement avancés (stades C). Dans les formes métastatiques, une hormonorésistance se développe toujours à plus ou moins long terme. La chimiothérapie est réservée à ces stades d'échappement hormonal, alors que la survie n'est plus que de six mois à un an (mais le taux de réponse est inférieur à 10%). Globalement, la chimiothérapie est inefficace. Des essais sont en cours avec de nouvelles drogues (type vinorelbine, gemcitabine), seules ou en association, mais les résultats sont très décevants. Aucun critère de sélection ne permet jusqu'à présent de prévoir une réponse thérapeutique aux cytotoxiques, sauf, peut-être, pour les tumeurs à forte composante neuro-endocrine.
Un traitement par un anti-corps monoclonal humanisé vient d'être agréé par la FDA pour le cancer du sein métatstatique. Son action : le blocage d'un récepteur membranaire de facteur de croissance (HER2). La surexpression de ce gène HER2 existerait dans 28% des cancers de la prostate. Elle peut être recherchée en immuno-histochimie. Les premiers essais de ce traitement dans les cancers du sein ont montré une bonne tolérance et des résultats significatifs, en particulier en association avec la chimiothérapie. Des essais vont concerner d'autres tumeurs. Des vaccinations antitumorales sont à l'étude. Le cancer de la prostate représente un excellent modèle. Après prostatectomie totale, les seules cellules qui expriment le PSA sont les cellules tumorales : il est donc théoriquement possible de les cibler et de vérifier l'efficacité par le dosage de ce marqueur très sensible. On a aussi mis en évidence un gène codant pour une mucine (MUC1), anormale dans 90% des cancers du sein mais aussi dans les cancers de la prostate, qui pourrait faire l'objet d'une vaccination. On peut donc raisonnablement penser que, l'an prochain, en Europe, des essais de vaccination viseront les cancers de la prostate en échappement hormonal, après prostatectomie ou radiothérapie. En collaboration avec le Dr Marie Lacoume |