Par Le National
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PrideVision : première télé 100% homosexuelle

MONTREAL, 5 sept (AFP) - Homosexuels, bisexuels et transsexuels du Canada auront à partir de vendredi leur propre télévision, PrideVision, qui se présente comme la première chaîne gay au monde à émettre 24h sur 24 et sept jours sur sept.

PrideVision a obtenu l'automne dernier le feu vert du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), l'instance de régulation de la télévision au Canada, avec pour mandat de "répondre aux besoins et aux préoccupations des communautés gaies et lesbiennes".

Après avoir déjà lancé une chaîne de sports où le muscle est en vedette, le groupe torontois Headline Media veut cibler la communauté homosexuelle, particulièrement active dans les grandes métropoles canadiennes comme Toronto et Montréal.

Coté en bourse, Headline Media a procédé à une augmentation de capital de 30 millions de dollars canadiens (20 millions de dollars américains) pour financer en partie le lancement de la chaîne.

Les amateurs devront cependant être abonnés au câble numérique ou à la télévision par satellite s'ils veulent suivre les premiers pas de PrideVision (Fierté Vision) vendredi soir.

"C'est le premier média national au Canada qui s'adresse exclusivement à cette communauté", affirme Anna McCusker, vice-présidente marketing de Headline Media, soulignant qu'il "n'existe ni journaux ni rien d'autre".

PrideVision revendique même le titre de première télé gay au monde à diffuser en tout temps. Plusieurs publicitaires se sont montrés déjà très intéressés par le projet, assure Mme McCusker.

Par le biais de talk-shows ou de documentaires, la chaîne promet d'aborder des thèmes ou des enjeux sur les droits des homosexuels, leur place dans la société ou les problèmes qu'ils rencontrent.

Mais toutes les émissions de PrideVision ne sont pas austères.

Au programme également, la série télévisée britannique "Gimme, gimme, gimme", décrite comme "une incessante chasse-à-l'homme grossière et crue", suit les mésaventures cocasses d'un gay et de son amie des plus délurées. Ou la comédie américaine "Undressed" (Déshabillé) dans laquelle les jeunes héros discutent des bienfaits du vibromasseur ou des préservatifs lubrifiés. Ou encore "Dyke-TV", une émission de 30 minutes conçue par un groupe de lesbiennes de Manhattan pour les leurs, et qui promet d'"inciter, de subvertir, et de provoquer", affirme la chaîne.

PrideVision diffusera aussi des émissions de cuisine, de finances, de sports et des cours de gym "axés sur la santé et non l'obsession du corps", assure Bruce Glawson, vice-président en charge de la programmation.

D'après lui, la chaîne cherchera à refléter les diverses orientations sexuelles tout comme les différents milieux ethniques et culturels.

"Nous n'avons pas eu d'opposition. C'est vrai que les Canadiens sont très tolérants et c'est plus facile de lancer une télé du genre ici qu'aux Etats-Unis", affirme M. Glawson.

PrideVision compte une vingtaine d'employés, "tous membres de la communauté", dit Mme McCusker.

Mais elle invite aussi les hétérosexuels à regarder.