Par Le National
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Prêtre canadien soupçonné de pédophilie: Mgr David affirme ne pas être resté ''inactif''

EVREUX (AP) -- Mgr Jacques David, évêque d'Evreux, a expliqué mardi n'être ''pas resté inactif'' après avoir ''reçu en octobre 1997 et en février 2000'' des lettres envoyées du Canada et destinées, selon leur auteur, à l'alerter sur les agissements du prêtre canadien Denis Vadeboncoeur soupçonné de pédophilie.

L'auteur des lettres, Eric V., auquel le religieux canadien aurait imposé des relations à partir de l'âge de 12 ans, a affirmé que Denis Vadeboncoeur s'était livré à des actes similaires sur plusieurs jeunes de Lieurey (Eure), où il avait exercé de 1988 à 1992.

Contacté par l'Associated Press à son domicile de Saint-Lambert au Québec, cet homme aujourd'hui âgé de 36 ans a déclaré qu'il avait voulu alerter Mgr David sur les agissements du prêtre et qu'il n'avait pas été satisfait des réponses de l'évêque.

Dans un communiqué diffusé mardi, Mgr David souligne qu'à ''chacune de ces lettres'', il a répondu ''aussitôt'', assurant Eric V. ''n'avoir jamais reçu la moindre plainte concernant le père Vadeboncoeur'' et lui demandant de ''donner des indications précises dont il pouvait disposer et cela, afin de permettre à l'évêque d'agir sans retard''.

''Le 15 octobre 1997, Mgr David écrivait notamment (...): 'Si des faits répréhensibles s'étant produit en France doivent lui être imputés, je suis prêt à recevoir immédiatement les personnes pouvant m'informer de manière circonstanciée''', selon le communiqué.

Mais d'après l'évêque d'Evreux, l'auteur des lettres ''n'a apporté aucun élément'' et ''il n'a été possible d'avoir aucune précision''.

Mgr David ajoute toutefois que ''des mesures de précaution ont été prises'': il dit avoir fait ''venir le père Vadeboncoeur à Evreux pour y habiter, dès 1997, avec un bureau à l'évêché et une responsabilité nouvelle concernant la réforme des paroisses''.

L'évêque d'Evreux précise aussi que ''jamais aucune plainte n'est parvenue à l'évêché jusqu'au 10 novembre 2000, date à laquelle une personne se déclarant victime du père Vadeboncoeur s'est adressée à l'évêque''. Celui-ci ''a immédiatement conseillé au prêtre de se dénoncer lui-même, conclut le communiqué, ce qui fut fait''.

Après s'être livré à la justice, le prêtre canadien a été mis en examen le 1er décembre dernier pour ''viols sur mineur de moins de 15 ans'' et ''viols sur mineur de plus de 15 ans par une personne ayant abusé de la qualité que lui confèrent ses fonctions'', pour des faits commis entre 1988 à 1992 à Lieurey.

Le prêtre, de nationalité canadienne mais en France depuis dix ans, avait déjà été condamné en 1985 au Québec pour des faits similaires.

Mgr Jacques Gaillot, évêque d'Evreux à l'époque des faits, a été entendu comme témoin jeudi dernier dans les locaux du Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Rouen, en raison de déclarations contradictoires au cours de ces dernières semaines.