Par Le National
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Expérimentation prochaine d'un préservatif invisible au Canada

TORONTO (AP) -- Il a été surnommé le ''préservatif invisible'' et sera en partie testé par des prostituées. Des recherches débuteront à l'Université Laval à Québec l'automne prochain afin de tester un nouveau produit susceptible d'aider les femmes à réduire ou à prévenir les maladies sexuellement vénériennes, y compris le virus du sida.

Le Centre de recherche en infectiologie de l'Université Laval va recevoir une subvention de 350.000 dollars canadiens (1,7 million de FF/ 259.000 euros) du gouvernement canadien pour procéder à des essais cliniques d'un gel microbicide surnommé ici le ''condom invisible''. Il se présente sous forme liquide et se gélifie à la température du corps, créant une paroi qui protégerait du virus de l'immunodéficience humaine (VIH, virus du sida) et d'autres maladies transmissibles sexuellement. Ce produit pourrait également servir de contraceptif.

Le président du Centre de recherche en infectiologie, le Dr Michel Bergeron, a donné ces informations vendredi lors d'une conférence internationale sur le VIH et le sida à Toronto. Le chercheur québécois a précisé que le nouveau gel permettrait aux femmes de mieux protéger leur santé et pourrait sauver des millions de vies, en particulier dans les pays en développement où le sida se propage rapidement.

Des essais devront d'abord être faits pour prouver que le gel est sûr et efficace et le produit ne pourra probablement pas être mis en marché avant deux ans, a ajouté le Dr Bergeron, qui espère que les préservatifs invisibles seront offerts à peu près au même prix que ceux en latex pour les hommes.

La première étape des recherches menées à l'Université Laval, qui fera appel à dix femmes ayant une vie sexuelle active, vise à déterminer si le gel peut provoquer des réactions négatives ou ''toxiques''. Pendant la deuxième étape, le groupe témoin sera étendu à environ 200 femmes, dont certaines prostituées, plus exposées aux maladies vénériennes. Entre 1000 et 3000 femmes pourraient participer à l'étape finale des essais, avant que le gel ne puisse être évalué par les organismes de réglementation.

''Il pourrait s'agir d'une découverte capitale pour les femmes'', a commenté la ministre canadienne de la Coopération internationale, Maria Minna. ''Ce produit offre non seulement aux femmes un niveau de protection autrefois impossible mais contribuera aussi à surmonter des barrières culturelles qui empêchent souvent l'utilisation des condoms traditionnels.''

Lors de la conférence Microbicides 2000 tenue récemment à Washington, et de la première conférence canadienne sur les femmes et le VIH-sida, les participants ont lancé un appel aux gouvernements et au secteur privé pour qu'ils investissent davantage dans la recherche sur les microbicides. Le taux d'infection au VIH a plus que doublé chez les femmes canadiennes depuis 10 ans.