Par Le National
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Le maire de Toulon comparaît dans l'affaire Poulet-Dachary

TOULON (Reuters) - Le maire de Toulon, Jean-Marie Le Chevallier, a comparu vendredi devant le tribunal correctionnel de sa ville, où il brigue un nouveau mandat, pour subornation de témoins dans l'affaire Poulet-Dachary.

Le corps de Jean-Claude Poulet-Dachary, 46 ans, ancien directeur de cabinet de Jean-Marie Le Chevallier, avait été retrouvé écrasé au bas de la cage d'escalier de son immeuble le 29 août 1995, le visage mutilé par la chute et la boîte crânienne enfoncée sur sa partie arrière.

Une analyse avait permis à l'époque de déterminer que Jean-Claude Poulet-Dachary avait 1,28 grammes d'alcool dans le sang, sans pouvoir néanmoins préciser si la chute avait été accidentelle en raison de l'état d'ébriété de la victime ou provoquée et donc criminelle.

Dans la seconde hypothèse, la question était de savoir s'il s'agissait d'un meurtre politique lié à l'appartenance de Jean-Claude Poulet-Dachary à l'extrême-droite ou d'une affaire de moeurs. Il était en effet notoire que cet ancien légionnaire fréquentait assidûment les boîtes de nuit "gay" de la région.

Il avait été notamment vu, la nuit du drame, dans un établissement toulonnais bien connu de la communauté homosexuelle.

Déjà condamné le 19 janvier à un an de prison avec sursis pour la création d'un emploi fictif au sein d'une association para-municipale, Jean-Marie Le Chevallier devait cette fois s'expliquer sur son attitude au lendemain de la mort de son adjoint.

La justice le soupçonne d'avoir contraint au silence deux de ses collaborateurs qui possédaient sur le drame des éléments importants pouvant intéresser les enquêteurs. Le maire les aurait menacé de les licencier et de les exclure du Front national.

"Je n'ai jamais menacé ni empêché quiconque de témoigner sur l'affaire Poulet-Dachary", s'est défendu Jean-Marie Le Chevallier. "Les accusations portées contre moi sont imbéciles et mensongères. Jean-Claude Poulet-Dachary était mon ami, chaque jour je ressens son absence et je suis toujours à la recherche de celui qui a fait ce mauvais coup. A l'époque, j'ai au contraire demandé à tout le monde d'aider la justice pour faire la lumière sur ce drame."

Les accusateurs du maire de Toulon, Christian Gueit et Romain Bricout, n'ont pas varié d'un pouce par rapport à leurs premières déclarations. Ils ont répété que Jean-Marie Le Chevallier voulait absolument cacher la piste homosexuelle à propos de son adjoint.

"C'est Jean-Marie Le Pen qui a tout orchestré", a répliqué Jean-Marie Le Chevallier en faisant allusion au président du FN.

"Cette affaire et ces accusations sont finalement l'aboutissement d'un complot qui a été lancé contre moi à partir du moment où j'ai rompu avec le Front national."

Cette a été balayée par le procureur adjoint de la République Pierre Cortès, qui a estimé que Jean-Marie Le Chevalier n'était pas digne d'effectuer un second mandat à la tête de la ville de Toulon.

Il a requis contre le maire 15 mois de prison avec sursis, 200.000 francs d'amende et deux ans d'inéligibilité. L'affaire a été mise en délibéré.