Par Le National
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Les homosexuels, un thème de la campagne présidentielle en Pologne.

VARSOVIE, 21 juil (AFP) - Les homosexuels sont devenus l'un des thèmes de la campagne présidentielle en Pologne, pays très catholique où certains candidats de la droite au pouvoir, comme l'ancien président Lech Walesa, n'hésitent pas à les qualifier de malades qui devraient se soigner.

"Je considère que ces gens-là, il faut les soigner, imaginez que tous les gens empruntent cette voie, nous n'aurions plus de descendants !", s'est exclamé M. Walesa lors d'un récent discours public de campagne électorale.

"Moi, je suis un homme qui ne change pas, qui reconnaît les valeurs chrétiennes", a ajouté l'ancien chef de l'Etat polonais qui se représente pour les élections prévues en octobre mais pour lesquelles il ne bénéficie que de 3% environ d'intentions de vote.

M. Marian Krzaklewski, chef du parti au pouvoir AWS-Solidarité (droite catholique) et lui aussi candidat, est d'avis que la loi ne devrait pas autoriser les homosexuels à se marier, à fonder un foyer ou à adopter des enfants.

De tels actes "risqueraient de détruire le consensus moral et la paix sociale" en Pologne, a-t-il dit, cité par les médias polonais.

A gauche, les prises de position sont plus nuancées. M. Dariusz Szymczycha, porte-parole du comité électoral du président sortant Aleksander Kwasniewski, un ex-communiste, a tout simplement refusé de s'exprimer clairement sur la question.

Pour M. Andrzej Potocki, porte-parole de l'Union pour la liberté (libéral), "les personnes dont les orientations sexuelles sont différentes bénéficient des mêmes droits garantis par la constitution".

Quant à Marek Sawicki, vice-président du parti paysan PSL, il juge un débat sur la question inutile. "Il y a tellement de problèmes à résoudre. Nous avons déjà eu la bataille du concordat, puis la guerre de l'avortement et voilà que nous devons nous occuper des homosexuels. Ce sont des sujets sans importance. Lorsque nous en serons au niveau économique des Etats-Unis, nous pourrons nous poser ce genre de questions", a-t-il dit.

L'homosexualité demeure globalement mal perçue en Pologne où l'influence de l'Eglise catholique est dominante sinon omniprésente. Ce pays fait néanmoins preuve progressivement de plus de tolérance à l'égard des homosexuels, estiment certains.

"L'acceptation de l'homosexualité fait partir des canons du politiquement correct. C'est le cas depuis quelques années, y compris en Pologne dans les grandes villes", estime le grand hebdomadaire Polityka qui a consacré un grand dossier à l'homosexualité il y a une semaine.

55% des Polonais conservent une attitude négative à l'égard des homosexuels contre 27% qui adoptent un regard bienveillant, selon un sondage récent. 32% jugent que l'homosexualité est une maladie qui exige des soins, contre 48% d'un avis contraire.

88% des Polonais déclarent ne connaître aucun homosexuel dans leur entourage. 52% se disent opposés à ce que leur soient confiées des responsabilités politiques, contre 32% d'un avis contraire. 62% des Polonais sont hostiles à l'idée du mariage entre homosexuels et 79% opposés aux adoptions d'enfants par des couples homosexuels, selon ce sondage réalisé par l'institut Demoskop du 7 au 18 juillet.

Le premier tour des présidentielles se déroulera le 8 octobre. M. Kwasniewski a de fortes chances d'être réélu, peut-être même dès le premier tour, selon les sondages d'opinion.