Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


L'Organisation Mondiale de la Santé met en garde les porteurs du VIH contre les piqures du Phlébotome!

GENEVE, 23 mai (AFP) - L'Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde, à la veille des vacances, les personnes souffrant d'immunodépression, dont celles porteuses du virus VIH contre les piqûres de phlébotome, un insecte qui ressemble à un petit moustique de couleur jaunâtre et qui vit notamment dans les régions méditerranéennes.

Le phlébotome femelle qui suce le sang de ses victimes, transmet une parasitose, la leishmaniose, qui peut se révéler extrêmement dangereuse pour les personnes souffrant d'une déficience de leur système immunitaire, notamment celles porteuses du VIH/SIDA.

"Les premiers syptômes de la leishmaniose sont souvent une fièvre inexpliquée et irrégulière, une fatigue, une perte de poids, suivies dans un délai variable d'une augmentation du volume de la rate et plus rarement du foie", explique le Dr Philippe Desjeux de l'OMS. Une sérologie (analyse de sang) permet de dépister l'infection.

"Les personnes dotées d'un bon système immunitaire piquées par un phlébotome, ne présenteront le plus souvent pas de symptômes particuliers, alors que celles atteintes d'immunodépression vont développer rapidement la maladie", ajoute le spécialiste.

La leishmaniose est considérée par l'OMS comme un facteur majeur de décès chez les sujets infectés à la fois par la leishmania, l'agent pathogène véhiculé par l'insecte, et le VIH. Toutefois, l'utilisation de la trithérapie a réduit le nombre de ces co-infections et amélioré l'état de ceux qui ont été doublement infectés. "D'où la nécessité de diagnostiquer la leishmaniose à temps par une sérologie appropriée, même si les rechutes sont fréquentes et presque inéluctables", note le Dr Desjeux.

L'OMS conseille donc aux populations particulièrement à risques de se protéger, dès le coucher du soleil contre les phlébotomes qui ont une activité nocturne, par des produits répulsifs et par l'utilisation de moustiquaires.

"Par un cercle vicieux, le SIDA et la leishmaniose se renforcent mutuellement. D'une part, la leishmaniose hâte l'apparition du SIDA déclaré et réduit l'espérance de vie des personnes infectées par le VIH. D'autre part, le VIH favorise la propagation de la leishmaniose", précise l'OMS.

Ces deux affections conjuguées provoquent une double immunodéficience car elles détruisent les mêmes cellules, de sorte que la gravité de la maladie et ses conséquences augmentent de façon exponentielle, ajoute l'OMS.

"Il a été démontré, en revanche, que le virus VIH ne pouvait être transmis par les piqûres d'insectes, en raison du délai de cinq jours entre deux repas sanguins de ceux-ci, ce qui ne permet pas au VIH de survivre", explique M. Desjeux, afin d'éviter tout malentendu.

Les co-infections Leishmaniose/VIH sont considérées comme une réelle menace dans le sud-ouest de l'Europe. Au total 1.700 premiers cas de co-infections ont été notifiés à l'OMS dans 33 pays jusqu'en 1998, dont 1.440 provenaient du sud-ouest de l'Europe : Espagne (835), France (259), Italie (229), Portugal (117).

Sur 965 cas analysés par l'OMS, 71,1% étaient des toxicomanes par voie intraveineuse, car la leshmaniose peut se transmettre directement d'une personne à l'autre par l'utilisation de la même aiguille.

En Amérique, la plupart des co-infections sont signalées au Brésil où l'incidence du SIDA a fortement augmenté.

En Afrique, le nombre de cas devrait augmenter du fait de l'extension simultanée des deux maladies infectieuses. Jusqu'ici l'OMS n'a eu connaissance que d'un nombre modeste de cas, qui serait sans doute bien supérieur si l'on exerçait une surveillance active sur l'ensemble du continent africain.