Par Le National
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La peur des homosexuels serait-elle en train de nous détruire en tant que société?

Commentaire du lecteur: Par Daniel Cormier

(Ce commentaire ne représente pas la position éditoriale du National mais respecte la formule du débat encouragée par la rédaction)

La redéfinition des liens parentaux proposée par le projet de loi 84 et la banalisation des techniques médicales à des fins autres que médicales dans le domaine de la procréation pourraient avoir des effets désastreux pour notre société.

C'est du moins ce qu'a fait valoir, jeudi matin en commission parlementaire, Louise Vandelac, professeur au département de sociologie à l'UQAM et également à l'Institut des sciences de l'environnement, chercheur au Cinbiose et membre du comité sciences, sciences humaines et du comité d'éthique de l'UNESCO.

Mme Vandelac, qui se dit pourtant favorable à la reconnaissance des droits des homosexuels et à l'union civile, a déploré le fait que plusieurs experts ont refusé de venir témoigner devant la Commisson parlementaire par crainte des réactions négatives à leur égard.

Ainsi, au sujet de la section du projet de loi sur la procréation assistée, Mme Vandelac a déclaré : "Je pense que c'est extrêmement sérieux et qu'il faudrait à tout le moins mettre cette partie-là du projet de loi sur la glace pour avoir le temps d'y penser, d'autant plus que vous le savez fort bien, j'ai été assez frappée de voir l'attitude d'un certain nombre de juristes et d'un certain nombre de personnes par rapport à cette commission craindre d'intervenir à cette commission. Et des journalistes m'ont dit exactement la même chose en disant: Oui, mais c'est très mal vu d'être contre parce qu'on risque d'être taxé d'homophobe. Je pense que mon propos ne tient pas de ce registre-là, d'aucune espèce de façon. Une bonne partie du projet de loi me semble tout à fait justifiée, mais cette partie qui consiste à entériner par le droit ce que la technologie s'est permise d'imposer à la société par faits accomplis et successifs, je dirais, dans un silence relativement complice des institutions publiques, me semble fort problématique, et je pense qu'il faut se poser la question: Jusqu'où nous amène-t-on?"

La peur de se faire taxer d'homophobie, de se faire poursuivre en justice pour propos haineux ou discriminatoires, et même de perdre son emploi si on émet une opinion qui peut être perçue comme défavorable à l'égard des homosexuels s'est emparée de notre société québécoise.

Cette peur qui va bien au-delà du simple souci d'être « politically correct » s'est répandue dans toutes les sphères de notre société. Des professeurs de religion catholique se font menacer indirectement ou ouvertement de renvoi s'ils mentionnent le mot "péché" dans leurs classes en parlant d'homosexualité. Un professeur d'université est présentement poursuivi par deux élèves pour avoir mentionné dans un cours de philosophie que le suicide et l'homosexualité étaient deux exemples où l'être humain agit contrairement à l'instinct naturel de préservation et de reproduction. Et on pourrait multiplier les exemples.

Le projet de loi 84 est en train de changer de façon inconsciente des principes fondamentaux de la vie humaine et des relations profondes de la filiation et de la descendance. L'ampleur et les conséquences de ces changements n'ont pas même été considérés et les experts n'osent pas se prononcer par peur des représailles.

Jusqu'où nous mènera cette peur collective? Espérons que nous nous réveillerons avant qu'il ne soit trop tard.

Le privilége de réplique