Par Le National
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La demande de pétrole pourrait bien se stabiliser

LONDRES (Reuters) - Après avoir seulement faiblement progressé ces derniers temps, la demande mondiale de pétrole risque désormais de pratiquement se stabiliser l'an prochain si, comme on peut le craindre, les récents attentats aux Etats-Unis font basculer l'économie, estiment des économistes.

Avant même ces tragiques événements, on avait pu déceler une détérioration de la confiance des consommateurs aux Etats-Unis, le premier consommateur mondial de pétrole, et l'on peut s'attendre maintenant à ce qu'il en aille de même pour la consommation de pétrole.

Dans une étude réalisée avant les attentats à New York et Washington, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) disait s'attendre, pour l'an prochain, à une augmentation de la demande mondiale de pétrole de 800.000 barils par jour (bpj), soit 1%, au total de 77,2 millions bpj.

Or, après les événements de mardi, les analystes ont revu leurs projections à la baisse.

"Nous tablons sur une progression comprise entre zéro et 500.000 bpj l'an prochain", a dit Mark Lewis, de la société londonienne de consultants EMC.

On s'attendait en effet à ce que l'augmentation de la demande soit principalement le fait des Etats-Unis, mais on redoute maintenant un nouvel affaiblissement de leur économie et donc de leur consommation de pétrole.

A la suite des événements de mardi, Stephen Roach, économiste en chef de Morgan Stanley, a écrit: "Ce choc s'ajoute à un ensemble de fondamentaux très inquiétants pour constituer une combinaison mortelle pour le consommateur américain".

Et cet analyste d'ajouter, dans une note adressée aux clients de la banque d'affaires: "Cette tragédie pourrait bien être le point de basculement vers la récession de 2001."

Estimant que les risques se sont accrus de voir l'économie mondiale connaître un ralentissement encore plus marqué, Roach ne table plus maintenant que sur une croissance mondiale de 1,5% à 2,0% cette année.


Prudence des professionnels du pétrole


Si les professionnels du marché pétrolier disent s'attendre effectivement à une plus faible demande l'an prochain, certains estiment qu'il est encore trop tôt pour avancer des prévisions.

Parmi eux, Bob Finch, chez Vitol SA, dit prévoir une baisse en 2001 mais s'empresse d'ajouter qu'il préfère rester prudent car souvent, dans un passé récent, la demande a été supérieure à ce que l'on attendait.

Plusieurs négociants estiment notamment que la contraction de la demande de kérosène due à un ralentissement d'activité dans le transport aérien pourrait être plus ou moins compensée par une plus forte consommation de carburants automobiles due à une intensification du transport routier.

Ces tout dernier jours, les cours du brut sont repartis à la hausse, reflétant la crainte de représailles américaines après les attentats, et le Brent se traitait vendredi après-midi à 29,08 dollars le baril.