Par Le National
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Les pêcheurs sri-lankais se recyclent dans le trafic de clandestins

COLOMBO, 18 juin (AFP) - Augmentation du prix des carburants et forts taux d'intérêt bancaires conduisent les pêcheurs sri-lankais à se reconvertir dans le trafic de clandestins, en particulier à destination de l'Europe, ou encore dans la prostitution, reconnaissent les autorités de Colombo.

De plus en plus fréquemment, la police intercepte au large de petits bateaux à bord desquels s'entassent des hommes, généralement jeunes, voulant gagner l'Europe, le Japon ou l'Australie.

Au début du mois, au large de Negombo sur la côte nord-ouest de l'île, la police a intercepté un navire avec 17 immigrés clandestins qui espéraient se rendre en Italie et qui, avec les deux passeurs, ont été arrêtés.

Le ministre des Pêches du Sri Lanka, Mahinda Rajapkse, a reconnu que la situation des professionnels était devenue si critique qu'ils devaient se recycler dans la prostitution ou le trafic de clandestins.

Au cours des 18 derniers mois, le prix du carburant a augmenté de plus de 120% et les taux d'intérêt des prêts bancaires ont grimpé de 30%, de sorte que les pêcheurs ne parviennent plus à couvrir leurs frais avec le seul produit de leur pêche.

"Je pense que la prostitution enfantine est liée au déclin de l'économie de la pêche côtière et à l'incapacité du tissu économique local d'offrir des sources de revenus alternatives, comparables à ce qu'on gagnait auparavant", a récemment déclaré le ministre des Pêches lors d'un séminaire.

Des associations de protection de l'enfance redoutent que les régions côtières du pays, où des stations touristiques jouxtent les villages de pêcheurs, abritent plusieurs milliers d'enfants s'adonnant à la prostitution.

Ces régions attirent également de plus en plus de pédophiles locaux et étrangers, malgré les multiples arrestations consécutives à de nouvelles lois visant à mettre un terme au tourisme sexuel et à protéger les enfants.

Le ministre Rajapkse a souhaité que soit mis en oeuvre un vaste programme d'amélioration des conditions de vie dans les régions côtières, en vue d'inciter les pêcheurs à ne pas renoncer à leur activité traditionnelle.

Les chiffres de la Banque centrale du Sri lanka ont fait état d'une légère baisse l'an dernier de la pêche en eau profonde alors qu'en revanche les importation de poissons ont augmenté dans ce pays insulaire.

Les bateaux de pêche, conçus pour embarquer guère plus qu'une poignée de marins, sont équipés de chambres froides pour stocker le poisson pendant plusieurs jours, mais certains pêcheurs les ont transformés en espace habitable pour les immigrés illégaux.

Des responsables du ministère des Pêches admettent en privé qu'ils ne sont pas réellement en mesure de lutter contre le développement du trafic d'immigrés clandestins car le Sri Lanka ne dispose pas d'un réseau de surveillance des côtes.

En avril dernier, quelque 24 Sri Lankais ont été découverts dans le désert du nord-ouest de l'Australie, après avoir été visiblement abandonnés par des passeurs. Selon la police australienne, ils avaient erré pendant trois jours dans cette région isolée, avec très peu de nourriture.