Par Le National
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Un français jugé pour un viol sur une fillette commis en Thailande!

PARIS, 15 oct (AFP) - Un Français va comparaître jeudi devant la cour d'assises de Paris, poursuivi pour un viol qu'il aurait commis en 1994 en Thaïlande sur une enfant de 11 ans, un procès dont l'UNICEF espère qu'il permettra de "faire peur aux pédophiles".

"Il est désormais possible de poursuivre des citoyens dans leur pays pour des abus sexuels commis à l'étranger grâce à une législation, adoptée en 1994 par la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne notamment, qui a introduit dans les textes nationaux une clause d'exterritorialité", a commenté Jacques Hintzy, président du comité français de l'UNICEF.

L'UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance) a prévu de se porter partie civile à l'audience du 19 octobre.

Selon l'arrêt de renvoi devant la cour d'assises, les services de police suisses ont saisi chez un ressortissant suisse allemand une cassette mettant en scène des relations pornographiques entre un homme et une fillette, enregistrée en février 1994 à Pattaya (Thaïlande). Le Suisse a identifié un compagnon de voyage français auquel il avait adressé une copie de la cassette à Paris.

Dans le cadre de la coopération policière, les autorités françaises ont pu ainsi saisir la copie, avec d'autres cassettes, photos et revues à caractère pédophile, ainsi que des armes, au domicile d'Amnon Chemouil, 48 ans, un employé de la société des transports publics parisiens.

M. Chemouil, qui a fait huit mois de prison préventive avant d'être placé sous contrôle judiciaire en mars 1998, a déclaré au cours de l'instruction avoir effectué régulièrement des voyages touristiques en Thaïlande depuis 1992. Il a reconnu avoir rencontré en 1994 la fillette, amenée par son ami suisse et avoir eu des contacts sexuels avec elle.

"C'est un procès pour faire peur aux pédophiles, pour les convaincre qu'il n'y a pas d'impunité", a déclaré à l'AFP Jacques Hintzy en rappelant qu'en Asie du sud-est, deux millions d'enfants sont l'objet d'exploitation sexuelle selon Interpol. "Les réseaux recherchent des victimes de plus en plus jeunes, un phénomène lié à la pandémie du SIDA", a-t-il souligné.

"Il faut faire pression sur l'opinion publique pour empêcher que ces ravages continuent: on vole leur enfance à des millions d'humains qui sont traités comme des marchandises", a-t-il estimé.

L'avocate de l'UNICEF, Me Monique Pelletier, souhaite cependant que "ce procès ne soit pas exemplaire au-delà de la juste peine, parce qu'on juge un homme et non tous les crimes commis sur tous les enfants".

Mme Pelletier représentera également la jeune Praphraine, 17 ans, qui sera présente au procès et dont l'UNICEF a pris en charge le voyage en France.

D'autres associations devraient se porter partie civile à l'audience du 19 octobre, comme l'UNICEF: la Voix de l'Enfant, l'Aide à l'Enfance et l'Enfant bleu, dont l'avocat, Me Jean Chevais, entend demander que soit visionnée à l'audience, "éventuellement à huis-clos", alors que le procès ne l'est pas, la cassette vidéo filmant la rencontre entre le prévenu et la victime.

L'objectif de Me Chevais est de "montrer que l'enfant a été contrainte de pratiquer des fellations au prévenu, ce type de pénétration étant constitutive de viol". La défense conteste le viol qui a justifié le renvoi en assises.