Par Le National
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Une satire des médias sur la pédophilie indigne médias et politiciens

LONDRES, 29 juil (AFP) - Une satire du traitement par les médias britanniques des affaires de pédophilie, diffusée par la chaîne de télévision Channel 4, a fourni dimanche matière à indignation à trois membres du gouvernement de Tony Blair et à bon nombre de journaux.

L'émission Brass Eye était une parodie de magazine d'investigation racoleur sur le sujet, avec images-choc, gros plans sur des pédophiles hideux et des visages d'enfants. S'y ajoutaient de prétendues recettes pour reconnaître un pédophile et soi-disant révélations sur leurs façons d'opérer.


Cris Morris, animateur

L'émission prétendait "pointer les incohérences et le sensationalisme du traitement par les médias des crimes pédophiles", a assuré le directeur général de la chaîne Michael Jackson, dans The Observer.

"C'est totalement raté", a estimé sur BBC1 la secrétaire d'Etat à la protection de l'Enfance, Beverley Hughes, reconnaissant toutefois ne pas avoir visionné l'émission, qui totalisait dimanche 2 millions d'appels de téléspectateurs scandalisés.

Le ministre de l'Intérieur, David Blunkett, a fait dire par un porte-parole qu'il n'avait pas trouvé la chose "le moins du monde amusante", qualifiant l'émission de "consternante".

La ministre de la Culture Tessa Jowell a assuré qu'elle allait réexaminer les pouvoirs d'intervention de la commission de surveillance de la télévision.

Non moins furieuses, les célébrités ayant participé à l'émission en croyant soutenir des campagnes de protection de l'enfance, tel Phil Collins, qui dès avant les diffusions, jeudi et vendredi, envisageait de porter plainte.

Aucune des personnalités piégées par Brass Eye n'a vérifié l'identité des soi-disant organisations de bienfaisance qui les avaient contactées, selon une source anonyme de la chaîne.

Elles se sont en tout cas prêtées au jeu sans aucune méfiance, Phil Collins acceptant par exemple de réciter des slogans en portant un T-shirt orné de la formule "Je raconte n'importe quoi".

Les journaux populaires écumaient de rage dimanche, appelant au licenciement de tous les responsables de l'émission et les accusant en substance de faire de l'humour aux dépends des enfants martyrisés.

Côté presse dite de qualité, on jugeait l'émission de mauvais goût.

Mais le Sunday Telegraph, qui contrairement au Times ne compte par de tabloïde dans son groupe, s'en prenait au tout premier d'entre eux, News of the World, pour juger que la satire de "l'hystérie rampante avec laquelle notre société obsédée de sexe réagit à la pédophilie" n'était pas dénuée de fondement.

Les pages du News of the World, auteur d'une campagne controversée d'identification des pédophiles, "sont pleines d'histoires de filles ayant tout juste dépassé l'âge du consentement sexuel et des détails intimes de leurs performances sexuelles", notait le Sunday Telegraph.