Par Le National
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Le Français Karim Kamal obtient l'asile politique aux États-Unis --par Cadonna Peyton--

LOS ANGELES (AP) -- Considéré par la justice américaine comme la victime d'une ''vendetta'' judiciaire, le Français Karim Kamal a officiellement obtenu l'asile politique aux Etats-Unis, où il vit depuis 1994. Un juge fédéral a confirmé une décision datant de décembre dernier, qui lui accordait ce statut rarissime pour un ressortissant occidental.

Le juge de l'immigration Ronald Ohata avait alors donné droit à la demande de Karim Christian Kamal, 39 ans, qui dénonce depuis des années un réseau présumé de corruption et de pédophilie dans lequel seraient impliqués des juges et policiers niçois, et dont aurait été victime sa fille Lauriane, âgée aujourd'hui de 12 ans.

Cette décision a été confirmée vendredi par un autre magistrat américain, la juge Christine Stancill. Elle permet à Karim Kamal, Français d'origine marocaine, de bénéficier d'une mesure normalement réservée aux personnes victimes de persécutions dans leur pays d'origine.

''Je voudrais remercier le système judiciaire américain au nom de tous les enfants qui ont souffert sur cette planète'', a-t-il déclaré à l'énoncé du jugement, tombant dans les bras de son avocate, Dalila Kamal-Griffin, qui est aussi sa soeur. Il a également annoncé qu'il allait se consacrer entièrement au combat pour la garde de sa fille, qui vit en France.

''C'était un combat pour la liberté et la démocratie'', a estimé l'avocate. ''Si cela peut arriver en France, cela peut arriver partout.''

Pour son client, ''cet asile politique doit inciter le gouvernement français à faire le ménage en son sein au niveau de la justice, qui est le pilier de toute vie communautaire''. Ce jugement constitue, à ses yeux ''une gifle pour la France'', mais aussi pour la justice niçoise, ''puisque le noyau de ce réseau est quand même à Nice, avec des complicités un peu partout en France, notamment à Paris et même en Europe, puisque la Belgique n'est pas en reste.''

Kamal, qui accuse son ex-femme Marie-Pierre Guyot d'avoir livré leur fille à un réseau pédophile alors même qu'ils vivaient encore ensemble à Nice, espère pouvoir maintenant se rendre en Europe ''pour témoigner devant les instances internationales, la Cour européenne de justice''. Mais il compte d'abord poursuivre ''tous les individus qui ont activement ou passivement participé à ces abominations, qui m'ont forcé à l'exil et qui, d'une certaine manière, m'ont fait perdre Lauriane''.

Preuve du malaise suscité par cette affaire, le procureur niçois Eric de Montgolfier est venu témoigner vendredi devant la 17e chambre correctionnelle de Paris pour décrire les dysfonctionnements constatés dans le traitement du dossier Kamal, dont il souhaite la réouverture.

''Le problème est d'essayer de comprendre et ma volonté aujourd'hui est de faire en sorte que ces suspicions de pédophilie sur des magistrats du tribunal de grande instance de Nice cessent. Ou bien elles existent et chacun devra rendre compte de ce qu'il a fait, ou bien elles n'existent pas et on s'arrête définitivement'', a-t-il dit en réclamant une nouvelle inspection des services par la Chancellerie.

De son côté, Mme Guyot, qui poursuit son ex-mari pour dénonciation calomnieuse et enlèvement d'enfant, s'estime victime d'un ''complot médiatique'' et met en avant des décisions de justice. ''On me parle de dysfonctionnements de la justice niçoise, alors comment se fait-il que j'ai également gagné en appel, en cassation, qu'un père a été déchu?''

Privé de défense, Karim Kamal s'était enfui en avril 1994 avec sa fille à Santa Monica, en Californie. C'est alors qu'il avait déposé sa demande d'asile, en son nom et celui de Lauriane.

Examinée par un psychologue, alors qu'elle était encore avec son père, la fillette avait répété ce qu'elle lui avait avoué, à savoir qu'elle avait été violée par des policiers et des magistrats. Deux mois plus tard, des diplomates français, la mère et la grand-mère maternelle de l'enfant, et deux policiers de Santa Monica la récupéraient au domicile de Karim Kamal. Elle était ensuite exfiltrée vers la France via le Mexique, afin de contourner les poursuites immédiatement engagées par le père.