Par Le National
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Pédophilie: l'abbé Leblond condamné à huit ans de prison à Caen

CAEN (AFP) - L'abbé Emile Leblond a été condamné mardi par la cour d'assises du Calvados à huit ans d'emprisonnement pour viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité et 15.000 euros de dommages et intérêts.

"C'est toujours un choc, je suis déçu car j'avais proposé à la cour une alternative, l'acte reproché (la pénétration, ndlr) n'étant pas constitué", a expliqué à l'issue de l'énoncé du verdict Me Xavier Hubert, avocat de l'ecclésiastique âgé de 84 ans.

"C'est une décision significative, Pierre est content, soulagé. Ce qui est important, c'est que soit reconnu le crime, donc la pénétration", a affirmé pour sa part Me Yves Crespin, avocat de la victime, Pierre, un étudiant ’gé aujourd'hui de 24 ans.

Dans son réquisitoire, l'avocat général avait requis 10 ans d'emprisonnement, estimant que l'abbé a "trahi la famille et les enfants" et "n'a jamais voulu prendre ses responsabilités et les assumer".

A l'issue du verdict, Pierre a déclaré: "Si j'ai fait ça, c'est aussi pour les autres", rappelant que quatre autres victimes de l'abbé étaient venues témoigner à la barre mais que leur cas ne pouvait être pris en compte du fait de la prescription.

Emile Leblond, ancien abbé de Pont-Saint-Pierre (Eure), avait été mis en examen le 8 mars 2001 suite à la plainte pour viol déposée fin 1999 par Pierre. Les faits se sont déroulés le 30 juillet 1990 dans un mobil home qui servait de villégiature au curé, à Blonville-sur-mer (Calvados). Il y invitait des enfants en vacances, dans le cadre du catéchisme.

Sa victime, Pierre, alors ’gé de 12 ans, a porté plainte pour viol fin 1999 et est la dernière victime connue de l'abbé.

Né le 13 décembre 1918 et prêtre depuis 1942, l'abbé Leblond avait exercé à Ailly (Eure) de 1945 à 1958, à Criquebeuf-sur-Seine (Eure) jusqu'en 1975 puis à Pont-Saint-Pierre (Eure).

Le premier fait de pédophilie attribué à ce prêtre date des années 1960, lorsqu'il exerçait à Criquebeuf-sur-Seine. Un fait étayé par le témoignage de la plus ancienne victime connue de l'abbé, ’gée aujourd'hui de 52 ans.

La cour a retracé le parcours pédophile du prêtre, des premiers attouchements sexuels à travers les vêtements avec un garçon de neuf ans en 1960 en passant par une "tentative de pénétration" avec un jeune ’gé de 11 ans, en 1985 jusqu'au cas de Pierre en 1990, la seule victime dont la plainte pour viol est recevable.

L'abbé a admis ici un "dérapage" mais réfuté le viol. "Au bout de deux minutes de silence il a reconnu lundi matin +une pénétration pas profonde, juste au bord+" avant de se rétracter sur ses dires dans l'après-midi, explique Me Crespin. Il souligne que l'abbé admet "être allé un peu plus loin" avec Pierre et qu'il "aimait bien toucher les enfants".

Quant à savoir si la hiérarchie de l'abbé était au courant de ses agissements, ce qui aurait incité ses supérieurs à sa mutation à Pont-Saint-Pierre en 1976, il n'a pas été possible de le démontrer car "le dossier de l'abbé Leblond à Evreux a disparu", note l'avocat.

"Il a été élevé par des femmes qui ne lui donnaient aucune éducation en matière de sexualité et est entré très jeune au séminaire (...) Il a une vision de la sexualité très infantile, il ne savait pas le mal qu'il faisait", plaide Me Xavier Hubert, son avocat qui décrit son client comme "un vieillard abattu par la honte et le remords" qui "prend aujourd'hui conscience de la gravité des faits".

"Il minimise énormément ses actes, il a conscience que ces actes peuvent être interdits et regrette qu'il n'y ait pas eu d'information en séminaire à ce sujet", rapporte Me Crespin.

 

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