Le ministre italien de l'Agriculture confesse sa bisexualité.

Par Candice Hughes

ROME (AP) -- Alors que le Vatican fait feu de tout bois contre l'organisation en juillet à Rome de la World Gay Pride en plein Jubilé chrétien, le ministre italien de l'Agriculture Alfonso Pecoraro Scanio a brisé un tabou en avouant qu'il était bisexuel.

La confession du ministre parue vendredi dans le magazine ''Panorama'' a en tout cas été saluée par le quotidien ''La Repubblica'' qui a qualifié M. Pecoraro Scanio de ''courageux''. Dans l'entretien, cet avocat de 41 ans révèle ainsi qu'il refuse de choisir entre l'homosexualité ou l'hétérosexualité. ''Moi, je choisis la liberté sexuelle absolue''.

Originaire de Salerne, près de Naples, ce membre des Verts était entré au gouvernement de centre-gauche Giuliano Amato le mois dernier. Cette révélation survient au moment où le cabinet Amato est confronté à la levée de boucliers de la part de l'Eglise et de la droite, qui ne veulent pas voir défiler de gays et de lesbiennes dans la capitale en cette année sainte.

''Je ne vois pas en quoi la religion serait insultée'', estime pourtant M. Pecoraro Scanio dans Panorama. ''A l'inverse, l'Eglise essaie d'assimiler la Gay Pride à une espèce de carnaval sexuel'', ajoute-t-il.

Alfonso Pecoraro Scanio

Le seul député ouvertement homosexuel, Niki Vendola, a également apprécié la déclaration du ministre. ''Une double moralité règne dans notre pays, où l'on peut faire certaines choses mais pas en parler. Je pense que beaucoup de collègues ont peur de révéler ce qu'ils sont''.

Face à la pression du Vatican, le maire de Rome Francesco Rutelli a dû retirer le parrainage officiel de la municipalité et M. Amato a intimé l'ordre à sa ministre de l'Egalité des chances Katia Bellillo d'en faire autant. Cela n'a pas empêché les organisateurs de la World Gay Pride de maintenir leur manifestation.

Lorsque Panorama lui a demandé s'il devait en faire plus pour soutenir les droits des homosexuels, M. Pecoraro Scanio a répondu qu'il était très occupé par le dossier des organismes génétiquement modifiés (OGM). ''La sexualité est importante, mais elle n'est pas au centre de ma vie'', dit-il.

Alessandra Mussolini, petite-fille du dictateur Benito Mussolini, n'a pas tardé à dénoncer l'initiative du ministre. L'élue de l'Alliance nationale a ainsi estimé que ''la sexualité doit rester une affaire privée''.