Par Le National
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Gay Pride: défilé monstre à Paris pour les droits des homosexuels

PARIS (AP) - Chars multicolores diffusant de la musique techno tonitruante, ambiance de carnaval et chaud soleil d'été: plusieurs centaines de milliers de personnes (500.000 selon la police, 600.000 selon les organisateurs) ont défilé en un gigantesque cortège très festif, samedi dans les rues de Paris à l'occasion de la "Gay Pride", la grande manifestation annuelle de la communauté homosexuelle.

Image RFI

C'est la première fois que la participation à ce défilé atteint une telle ampleur.

Parti de la place du 18 juin 1940, dans le quartier Montparnasse, le défilé -rebaptisé cette année "Marche des fiertés lesbiennes, gais, bi et trans"- a rallié la place de la Bastille où cette grande fÍte militante devait s'achever par un concert jusqu'à 22h, suivi d'une grande soirée sous un chapiteau Porte d'Auteuil.

Comme chaque année, des milliers de curieux, parfois des familles au grand complet, s'étaient massés sur les trottoirs tout le long du parcours pour voir passer cette marche ouverte comme tous les ans par une dizaine de motards du "Gay Moto Club", arborant sur leurs deux-roues le "Rainbow Flag", le drapeau aux couleurs arc-en-ciel, symbole de la communauté homosexuelle.

En tête de cortège, juste derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire "Egalité!" -mot d'ordre choisi cette année-, figuraient notamment l'ancien ministre de l'Education nationale Jack Lang, le maire de Paris Bertrand Delanoe -deux personnalités qui soutiennent les revendications homosexuelles depuis des années-, ou encore le président de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) Alain Krivine.

Outre le traditionnel côté paillettes et drags-queen extravagantes, la marche était cette année marquée par la présence de nouvelles catégories socio-professionnelles, au premier rang desquelles les enseignants.

Pour la première fois, le Syndicat national des enseignements du second degré (SNES, première organisation syndicale dans les collèges et les lycées) défilait sous sa bannière au sein du cortège, notamment pour que les "profs homos n'aient plus à raser les murs".

Idem du côté de la police nationale, avec des policiers regroupés au sein de l'association "Flag!" -créée en septembre 2001- marchant derrière une voiture de police "ancienne formule" (les lettres "police" en blanc sur fond noir), et porteurs de pancartes telles que "La police sait aussi être 'gay'"

"Comme dans toute les entreprises, il y avait un réel besoin. Et notre hiérarchie s'attendait à ce que l'association soit créée", a expliqué à l'Associated Press Pascal Deroche, l'un des porte-parole de Flag.

"Dans un premier temps, nous avons eu comme réaction le silence. Puis nous avons été reçus très correctement au ministère de l'Intérieur", a-t-il poursuivi. L'association -qui revendique aujourd'hui 110 membres et 30 sympathisants à Paris- compte maintenir ce dialogue avec la hiérarchie.

Elle mène une campagne de sensibilisation contre l'homophobie au sein de la police, ou encore défend l'idée de créer des postes d'officiers de liaison" spécialisés dans la prise en charge des victimes d'agressions homophobes et dans les enquêtes criminelles dans ce domaine, une pratique policière déjà développée depuis plusieurs années en Angleterre.

Le défilé était également placé sous le signe de l'incertitude, quelques semaines après l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement et d'une nouvelle Assemblée de droite.

"Lorsqu'on voit la composition du Parlement et du gouvernement avec une dizaine de ministres qui ont eu par le passé -notamment sur le PACS- des attitudes opposées aux droits des homos, il y a des craintes légitimes", a expliqué à l'Associated Press René Lalement, président de "l'Inter LGBT", l'association chargée de l'organisation du défilé.

"Aujourd'hui, on ne sait pas les portes qui sont ouvertes et celles qui sont verrouillées. Cette marche doit donc préparer le terrain pour un dialogue avec le nouveau gouvernement", a-t-il ajouté.

Devant les manifestants massés à Montparnasse juste avant le départ en début d'après-midi, René Lalement a d'ailleurs lancé sous forme d'avertissement: "Nous n'accepterons pas que l'égalité soit compromise par une quelconque régression juridique ou morale".

Mercredi prochain, une délégation de l'"Inter LGBT" doit être reçue à l'Elysée, trois jours avant la dernière Gay Pride de l'année dans l'Hexagone, attendue samedi prochain à Marseille. AP

Le privilége de réplique