Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


ONU: 23 janvier 2002

L'ONU ne souhaite pas reconnaître tout de suite une organisation gaie et lesbienne

LE COMITE DES ONG VOTE CONTRE UNE RECOMMANDATION DE STATUT CONSULTATIF A ³INTERNATIONAL LESBIAN AND GAY ASSOCIATION²

Au terme d¹une journée de débat, le Comité des organisations non gouvernementales (ONG), réuni sous la présidence de M. Levent Bilman (Turquie) a décidé par huit voix pour (Fédération de Russie, Sénégal, Soudan, Tunisie, Chine, Ethiopie, Liban et Pakistan), six voix contre (Roumanie, Etats-Unis, Bolivie, Chili, France, Allemagne) et cinq abstentions (Turquie, Colombie, Cuba, Inde et Algérie) de ne pas recommander au Conseil économique et social (ECOSOC) la demande de statut consultatif de l¹organisation «International Lesbian and Gay Association» (ILGA)*.

Au regard du compte rendu des délibérations, après avoir constaté qu¹il n¹y avait pas de consensus, le Président du Comité a souhaité ce vote, sur proposition de la représentante du Soudan de rejeter la demande de statut consultatif présentée par l¹ILGA.

A l¹issue d¹un vote demandé par le représentant des Etats-Unis qui contestait cette décision, invoquant des erreurs de procédure, le Comité a approuvé par onze voix pour, sept voix contre (Roumanie, Etats-Unis, Bolivie, Chili, Colombie, France et Allemagne) et une abstention (Sénégal), la décision de son Président de procéder à un vote par appel nominal.

Répondant à des questions formulées par les représentants du Soudan, de la France, de l¹Ethiopie, de l¹Algérie, de l¹Allemagne, du Pakistan et du Soudan, ainsi que de l¹Egypte, de la République arabe syrienne, de la République islamique d¹Iran et du Canada en tant qu¹observateurs qui ont souhaité connaître la position de l¹organisation sur l¹âge du consentement, la notion de discrimination due aux orientations sexuelles, la pédophilie ou obtenir des précisions sur sa composition, la représentante de l¹ILGA a répondu que les statuts de l¹organisation stipulent que l¹âge de la majorité sexuelle est de 18 ans et que les membres ont, depuis 1997, l¹obligation de signer une déclaration anti-pédophilie.  En ce qui concerne la notion de discrimination, elle a déclaré que son organisation se réfère à l¹article 1 de la Déclaration universelle des droits de l¹homme.  Pour ce qui est de l¹autodétermination sexuelle, l¹ONG estime que l¹orientation sexuelle est inhérente à la personne et qu¹il faut traiter cette question de la même façon que celle relative à la discrimination fondée sur d¹autres critères  Le but poursuivi est de soutenir les efforts et de répondre aux besoins spécifiques de chaque région.  Enfin, elle a précisé que le conseil d¹administration a le droit d¹expulser un membre et la décision est entérinée lors de la conférence mondiale

Dans le cadre des explications de vote avant le vote, les représentants du Chili, de l¹Allemagne, de la Bolivie, des Etats-Unis et de la Roumanie, qui se sont félicités de l¹excellent travail de cette organisation, notamment dans le domaine de la protection des minorités et de la lutte contre le VIH/sida, ont fait part de leur intention de voter contre la proposition visant à rejeter la recommandation de statut consultatif pour ILGA.

Les représentants du Pakistan et du Liban ont soutenu, pour leur part, la proposition de refuser la recommandation de statut, s¹étant déclarés insatisfaits des réponses fournies par l¹organisation.  Le représentant du Sénégal a, quant à lui, déclaré que son pays, compte tenu de ses traditions et de sa spécificité culturelle, ne pouvait appuyer des organisations composées d¹homosexuels et de lesbiennes.  Le représentant de la Colombie a déclaré vouloir avoir plus d¹informations avant de se prononcer.  C¹est pourquoi, il a fait part de son souhait de s¹abstenir.

De son côté, le représentant de la France a regretté qu¹une poignée de délégations, ne souhaitant pas ce débat, l¹ont bloqué et ont donné ainsi le plus mauvais exemple de ce que pouvaient être des débats aux Nations Unies.  Il s¹est félicité des engagements de la représentante d¹ILGA de respecter la Charte des Nations Unies et de l¹action de son organisation dans la lutte contre toutes les formes de discriminations.  Il a regretté que certains aient fait un amalgame entre la pédophilie et l¹homosexualité.  Il a également rappelé que plusieurs organes des Nations Unies s¹étaient déjà prononcés clairement sur la question de l¹homosexualité.  En conclusion, il a profondément regretté que le Comité des ONG n¹ait pas été capable de donner le meilleur de lui-même dans le souci de trouver un consensus.

Le comité poursuivra ses travaux demain, jeudi 24 janvier à 10 heures.

Le privilége de réplique