Trafic d'enfants en Europe de l'Est: le scandale de la Moldavie

STRASBOURG, 27 juin (AFP) - La Moldavie est abandonnée de tous au plan international, sauf par les organisations mafieuses qui investissent dans la prostitution d'enfants, le trafic des adoptions, la location d'utérus ou la vente d'organes, selon le Conseil de l'Europe.

Le scandale du trafic d'enfants dans ce pays, l'un des plus pauvres du monde, a été dénoncé mercredi à Strasbourg par l'Assemblée parlementaire, quelques heures seulement après une intervention du président de Moldavie, Vladimir Voronin, dans l'hémicycle du palais de l'Europe.

Les élus européens ont adopté à l'unanimité une résolution proposant des mesures pour aider la Moldavie à lutter contre ces trafics, offrir aux victimes une protection face à leurs proxénètes et freiner la demande des pays destinataires.

"Le cas de la Moldavie est exemplaire, mais l'Ukraine, la Russie ou l'Albanie sont tout autant confrontées à ce fléau", a souligné le rapporteur, Elisa Pozza Tasca (Italie, libéral).

"Des bébés, nés à l'hôtel, non enregistrés, sont vendus aux fins d'adoption internationale", a-t-elle dit. Le trafic est d'autant plus facile qu'aucun recensement n'a été fait récemment pour chiffrer la population moldave et qu'aucun texte n'interdit cette activité.

"C'est un problème crucial", a dit la rapporteuse. "On oblige des mineures à se prostituer quand elles sont enceintes, et on leur prend leur bébé à la naissance", a-t-elle déclaré.

L'utérus des jeunes filles les plus belles se vendrait ainsi entre 5.000 et 6.000 dollars.

Le rapport de Mme Pozza Tasca cite l'OSCE évaluant à 200.000 par an les victimes du trafic de mineurs Est/Ouest en Europe. Les pays de destination sont les pays d'Europe occidentale, mais aussi la Turquie, la Grèce ou Israël.

La Belgique et l'Italie sont les principaux pays destinataires. On estime à 10.000, dont 30% de mineures, le nombre des jeunes filles moldaves achetées 150 dollars et revendues 5.000 dollars en Italie pour travailler comme prostituées, selon le rapport.

En Italie, un réseau de pédophilie a été démantelé cet hiver avec des ramifications jusqu'en Russie. "Certaines des petites victimes étaient mises à mort", selon la même source.

Interrogé par les parlementaires, le président moldave (communiste) a déclaré que son gouvernement avait décidé "d'interrompre l'adoption des enfants par des étrangers", en attendant d'avoir les moyens de mieux contrôler la situation.

"Le Procureur général travaille sur ces dossiers", a-t-il dit.

Quant à la "migration forcée" des jeunes filles moldaves, il a contesté l'estimation de 100.000 victimes, tout en reconnaissant que "ça restait un problème". "Résoudre ces problèmes prendra du temps", a-t-il dit.

Le président était accompagné à Strasbourg du ministre des Affaires étrangères, Nicolae Cernomaz, et du ministre de la Justice, Ion Morei, qui ont signé ou ratifié une série de conventions du Conseil de l'Europe.