Par Le National
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Un projet de loi en faveur des homosexuels provoque une polémique au Mexique!

MEXICO, 15 déc (AFP) - Un projet de loi en faveur des homosexuels, défendu par la gauche, a provoqué une vive polémique au Mexique, un pays où le "machisme" reste un trait culturel dominant, et l'Eglise a condamné sans appel la proposition, la qualifiant d'"attaque contre la famille".

Le Parti de la révolution démocratique (PRD, centre-gauche), la formation mexicaine sans doute la plus favorable aux transformations sociales, a en effet proposé d'accorder aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux hétérosexuels, une véritable révolution au Mexique ou gays et lesbiennes sont encore très souvent traités avec mépris.

Pour le moment, le projet ne concerne que la capitale, Mexico, gérée par un maire de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, mais où le PRD est en minorité à l'Assemblée de la ville en cas d'alliance du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et du Parti d'action nationale (PAN, conservateur), la formation du nouveau président Vicente Fox.

"Accepter un tel projet serait porter un grave préjudice au Code Civil", a déclaré un représentant du PRI, Juan José Castillo, tandis que le PAN a soupçonné le PRD de vouloir, avec son initiative, détourner l'attention de problèmes jugés beaucoup plus importants tels que la discussion sur le budget.

Le cardinal Norbeto Rivera, archevêque de Mexico, est pour part rapidement monté au créneau pour dénoncer un projet qu'il n'a pas hésité à présenter comme "une nouvelle attaque contre la famille".

L'Eglise a l'intention de former "un front d'opposition" pour empêcher coûte que coûte l'approbation d'une loi qui placerait sur un terrain d'égalité hétérosexuels et homosexuels, a averti l'archevêque, dont l'influence est considérable dans un pays considéré comme catholique à plus de 90 %.

Un représentant de l'organisation mexicaine anti-avortement, "Provida", Jorge Serrano Limon, a été encore plus abrupt affirmant que le projet du PRD qui prévoit de reconnaître le mariage entre deux femmes ou deux hommes représentait "une dégradation des valeurs sociales".

"Les conséquences seront terribles pour les générations futures", a-t-il affirmé en ajoutant: "l'homosexualité sera une pratique légale alors que c'est un vice, une maladie, une dégradation de la sexualité".

Chaudement approuvé par la communauté homosexuelle, le projet du PRD n'a guère été défendu que par une fraction de l'Eglise protestante dont un des représentants, le révérend Jorge Gabriel Sosa a estimé: "nous avons deux mille ans de retard en matière de sexualité".

Toutefois, dans ce domaine, l'opinion publique semble encore très conservatrice puisque selon un sondage du quotidien indépendant Reforma, 62% de Mexicains contre 32% restent opposés au mariage entre homosexuels.

Face à une telle levée de bouclier, le PRD lui-même semble désormais sur la défensive et certains de ses représentants à la mairie de Mexico ont affirmé ne pas avoir été consultés sur le projet de loi préparé par leur parti.

"Nous n'avons pas encore analysé l'initiative. Nous ne le ferons qu'à la fin de la semaine", ont affirmé divers membres du PRD.