Par Le National
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SIDA: Le Président de l'Afrique du sud veut tourner la page sur la controverse!

WASHINGTON, 22 mai (AFP) - Le président sud-africain Thabo Mbeki s'est efforcé lundi lors d'entretiens avec le président Bill Clinton de tourner la page sur la controverse provoquée par ses interrogations sur le SIDA, et d'examiner les moyens de combattre efficacement cette maladie, véritable bombe à retardement pour son pays.

Le président sud-africain qui effectue sa première visite officielle aux Etats-Unis, jusqu'au 26 mai, a estimé que le coût des traitements anti-SIDA dans son pays restait trop élevés.

Il a également évoqué avec son hôte les conflits régionaux en Afrique ainsi que la situation au Zimbabwe.

M. Mbeki, qui portait le ruban rouge symbole de la lutte contre le SIDA, a évoqué lors de la cérémonie d'accueil à la Maison Blanche, les conflits et les maladies qui frappent l'Afrique, affirmant "qu'il n'y a pas de réponse facile à ces défis difficiles, qui sont un test pour notre partenariat".

La lutte contre cette maladie (4,2 millions de Sud-Africains sont séropositifs, soit plus de 10% de la population du pays) a été longuement abordée par les deux présidents, selon un haut responsable américain.

Juste avant le début de ses entretiens avec M. Clinton, M. Mbeki avait été placé sur la défensive par la presse qui l'interrogeait sur ses positions sur le SIDA et le traitement antiviral AZT.


À droite de Nelson Mandela, le Président Mbeki

Les medias américains ont consacré de longs articles aux positions du successeur ce Nelson Mandela, qui a suscité une controverse en appuyant les thèses "dissidentes" de scientifiques, notamment américains.

Ces derniers nient le lien entre le virus VIH et le SIDA, affirmant que l'immunodéficience est déterminée par des causes propres au sous-développement -pauvreté, malnutrition, manque d'hygiène ou maladies locales- et non pas par le VIH.

M. Mbeki a affirmé qu'il n'était pas contre l'AZT. "C'est une pure invention. Je n'ai jamais dit cela, a-t-il affirmé. J'ai dit simplement qu'il fallait être en mesure de pouvoir le distribuer. Il faut une forte infrastructure médicale en raison de sa toxicité et des contre-indications".

MM. Clinton et Mbeki, selon le haut responsable, sont "tombés d'accord sur l'importance d'une stratégie commune pour aller de l'avant et ont discuté en détail des prix des médicaments".

Le président sud-africain, a précisé la même source, s'est montré reconnaissant pour les mesures prises récemment par M. Clinton dans ce domaine, mais a souligné que même en tenant compte de ces initiatives leurs prix "restent très élevés".

M. Clinton a signé il y a deux semaines un décret assouplissant l'application des lois protégeant les brevets des médicaments contre cette maladie en Afrique sub-saharienne afin que ces pays puissent s'en procurer plus facilement.

Tous deux on aussi évoqué "leur frustration commune" devant l'échec de leurs efforts jusqu'ici pour arrêter le conflit entre l'Ethiopie et l'Erythrée.

Sur le Zimbabwe, ils sont tombés d'accord pour estimer que toute solution au conflit des terres devait être basée sur deux éléments:

-La participation du programme de l'ONU pour le développement (PNUD) à tout programme de distribution de terres "afin de dépolitiser le problème".

- La fin des violences, le respect du droit et le déroulement impartial des prochaines élections au Zimbabwe, "en présence d'observateurs internationaux qui devraient être déployés aussi rapidement que possible aussi bien dans les zones urbaines que rurales", a précisé la même source.

M. Mbeki, qui a eu aussi des entretiens avec le vice-président Al Gore, se rendra mardi à la commission des Affaires étrangères du Sénat, avant de partir pour une tournée comprenant San Francisco (Californie), Austin (Texas), où il rencontrera le gouverneur de l'Etat George W. Bush, candidat républicain à la présidentielle, et Atlanta (Georgie).