Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Trois critiques de films: Haut les coeurs, Les convoyeurs attendent et Fantasia 2000!

Par René Lapalme, journaliste

Un trio, contre un retardé!

Voilà bien longtemps que je vous ai fait part de mes opinions sur les films à l'écran, mais ce n'est pourtant pas faute d'être allé au cinoche. Pour me faire pardonner, et avant de tout oublier de ces films que j'ai vus au cours des dernières semaines, voici trois mini-critiques, question de vous permettre de faire des choix judicieux.

Haut les coeurs !

Il n'est pas facile de filmer sa propre vie. On peut manquer de recul, tout d'abord, et la vie à l'état brut, peu importe sa richesse, ne se traduit pas nécessairement tel quel à l'écran. Il faut savoir couper, changer au besoin, choisir les moments forts et véritablement créer une histoire qui se tienne et qu'on voudra suivre.

Solveig Anspach, en transposant sous forme de fiction sa propre histoire, risquait gros. Surtout qu'en plus des écueils qui attendent tout ceux qui traitent d'un sujet vécu, l'histoire de la cinéaste pouvait facilement sombrer dans le sentimentalisme et la manipulation de bas étage. C'est que, voyez-vous, Solveig Anspach était enceinte lorsqu'elle a découvert qu'elle avait le cancer du sein. Il fallait donc faire des choix : garder l'enfant ou non ? Suivre un traitement et risquer de ne pas survivre à la maladie ? En effet, pour préserver l'enfant, certains aspects du traitement devait attendre la naissance de l'enfant. Il fallait donc risquer une vie pour en sauver une autre.

Tout ceci aurait pu faire un petit film pour la télé, édifiant et larmoyant à la fois, mais sans envergure particulière. Entre les mains d'Anspach, toutefois, il s'agit d'un film magnifique, raconté avec une étonnante retenue, mais qui pourtant n'évite jamais de regarder les choses en face. Peut-être que, justement, en adoptant l'approche de la fiction (c'est l'histoire d'Emma Stern qu'on raconte, pas celle de Solveig Anspach), la cinéaste et scénariste a pu prendre le recul nécessaire pour extraire de sa propre vie les éléments qui, une fois assemblés, donnent lieu à une histoire structurée, en plus d'être profondément émouvante. Elle a aussi trouvé, en Karin Viard, une interprète bouleversante, dont tous ont souligné la remarquable prestation. Un film à voir, dont le sujet peut sembler lourd, mais qui pourtant n'a rien d'une épreuve. Ne vous en privez pas.  

Les convoyeurs attendent

Certains se sont jetés sur ce film en criant pratiquement au chef-d'oeuvre. N'exagérons rien. Ce petit film belge a certainement des choses à dire et vous ne regretterez sans doute pas de l'avoir vu. Je ne l'ai d'ailleurs pas du tout regretté. Le film est souvent drôle, offre un regard vraiment personnel et particulier sur le petit monde qu'il décrit et nous émeut plus qu'on ne l'aurait cru au départ. En fait, avec ses petits côtés frôlant parfois l'absurde (ou le surréalisme comme cette porte au milieu de la cour arrière, pour l'entraînement du record d'ouverture de porte enfin, faut voir), c'est un film assez sérieux, qui décrit une misère qui n'a rien de drôle.

Mais grâce à ses personnages hauts en couleurs (surtout ce père, tellement écrasant qu'il en tuera presque son fils), à ses images parfois très belles, à certains moments d'une indéniable poésie, il réussit à nous prendre aux tripes et à nous divertir tout à la fois. Ce que je lui reproche ? Peut-être un côté un peu décousu, un manque de clarté dans le point de vue (à travers les yeux de qui voit-on cette histoire ?), qui m'agaçait un peu par moments. Mais reste que le film en vaut la peine, qu'il est souvent d'une grande originalité et surtout, qu'il est profondément attachant. Mais, à vrai dire, j'ai préféré Haut les coeurs!  

Fantasia 2000

Certains (j'en connais) se plaindront que 12 dollars, c'est beaucoup pour un film qui ne dure même pas 90 minutes. Mais moi, j'ai été ravi, du début jusqu'à la fin. Le concept Imax était tout indiqué pour cette nouvelle tentative de mise en image d'Ïuvres de musique classique. Et croyez-moi, les images sont ravissantes.


James Levine, à la direction d'orchestre...

On sent que les animateurs de Disney se sont entièrement libérés et qu'ils ont créé ce qui leur faisait réellement plaisir, loin des obligations de la morale "disneyenne". Vous pourrez voir un étrange vol de baleines (Les pins de Rome) à ces New-Yorkais esseulés dans une ville démente (Rapsody in Blue), en passant par un flamand rose joueur de yo-yo (Le carnaval des animaux) et un retour à ce grand classique qu'est Mickey jouant les apprentis sorciers, l'imagination foisonne et on en a plein la vue.

J'ai aimé. Et tant pis pour les grincheux !