Par Le National
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Israel choqué par les déclarations à la Conférence de Durban concernant le racisme et parle des gays

JERUSALEM, 2 sept (AFP) - Israël se disait choqué dimanche par les déclarations "racistes et antisémites" émanant de la Conférence de l'ONU sur le racisme de Durban en Afrique du sud.

"Certaines des déclarations et résolutions adoptées à Durban sont clairement racistes et antisémites", a affirmé dimanche le président israélien Moshé Katzav à Yérouham, dans le désert du Néguev (sud).

"Les auteurs de ces déclarations devraient baisser la tête devant Israël, qui respecte les droits de l'Homme (...) Ses tribunaux et médias expriment un profond respect des valeurs démocratiques, sur lesquels beaucoup pourraient prendre exemple", a-t-il poursuivi.

Le chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres a de son côté indiqué dimanche à Tel-Aviv que l'Etat juif "envisage sérieusement" de rappeler sa délégation à Durban et de boycotter les travaux de la Conférence "si des résolutions trop extrémistes" sont adoptées.

Interrogé par l'AFP, M. Avi Pazner, porte-parole du Premier ministre Ariel Sharon a carrément évoqué "le kidnapping de la Conférence de Durban par les Palestiniens, les pays arabes et un certain nombre de pays islamiques".

Selon lui, "cette conférence s'occupe maintenant de délégitimer Israël en lui faisant endosser une image de pays raciste qui n'a rien à voir avec le conflit l'opposant aux Palestiniens".

Il s'est en outre élevé contre "les tentatives à Durban de falsifier et détourner l'Histoire, par exemple en niant le caractère unique de la Shoah (le génocide nazi), qui visent à priver le peuple juif de son histoire, un demi siècle seulement après la tragédie".

Enfin, M. Pazner a appelé "les pays éclairés à s'unir et à faire entendre leurs voix pour empêcher que cette Conférence ne débouche sur une nouvelle vague d'antisémitisme (...) et empêchent que l'ONU vote à nouveau une lamentable et catastrophique résolution assimilant le racisme au sionisme, le mouvement de libération nationale du peuple juif".

Selon le haut fonctionnaire, l'Etat juif peut compter sur le soutien des Etats-Unis et de dizaines de pays.

L'Assemblée générale des Nations unies avait adopté en 1975 une résolution assimilant sionisme et racisme, puis l'avait annulée dix-huit ans plus tard lors des accords d'Oslo entre Israël et les Palestiniens.

Israël a dépêché à Durban une délégation restreinte de douze membres dirigée par Mordehaï Yadi, directeur adjoint du département des ONG au ministère des Affaires étrangères.

Le rabbin Michaël Melchior, vice-ministre israélien des Affaires étrangères, devait initialement conduire cette délégation.

"Nos hésitations sur le degré de notre représentation expriment nos doutes sur cette Conférence (...) Nous n'avons pas voulu légitimer --excusez le terme-- les saletés préparées par les Arabes, mais dans le même temps nous voulons lutter pour empêcher des résolutions et des expressions de haine, et il y a des chances que nous y parvenions", a-t-il expliqué.

Le quotidien Haaretz a consacré une page entière dimanche à la Conférence et regretté que les importants thèmes des travaux initialement prévus, notamment sur la traite de 15 à 20 millions de noirs ou les persécutions frappant les homosexuels en Chine et dans les pays musulmans aient été quasiment occultés par le conflit israélo-palestinien.

La condamnation ou non de la politique israélienne envers les Palestiniens était au coeur samedi des déclarations et tractations de la conférence de l'ONU sur le racisme à Durban, occultant les autres questions.

"L'occupation israélienne est un nouveau type d'apartheid avancé", avait déclaré le président palestinien Yasser Arafat.

"La persistance d'Israël à perpétrer ces crimes contre notre peuple sans dissuasion ne fait que l'encourager à poursuivre son occupation et les activités de ses colonies, ainsi que ses politiques et crimes en violation flagrante des lois internationales", avait-il poursuivi.